Du pacifisme à l’interventionnisme: Joschka Fischer passe le Grand Oral à Sciences Po Bordeaux


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Du pacifisme à l'interventionnisme: Joschka Fischer passe le Grand Oral à Sciences Po Bordeaux

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 09/04/2010 PAR Piotr Czarzasty
Joschka Fischer, ou plutôt Joseph Martin Fischer, est né le 12 avril 1948 en Bade Wurtemberg. Ses parents, d’origine hongroise, l’appellent « Joschka » qui est le diminutif hongrois de Joseph. La politique commence à influencer son destin dès la fin des années 60. Trois évènements font basculer la vie du jeune Joschka en faveur de l’engagement pour le mouvement étudiant de 1968. « Tout d’abord c’était l’opposition à la génération de mes parents », raconte M. Fischer. « Après avoir vu un film sur Mein Kampf, j’ai commencé à leur poser des questions, pourquoi ils n’avaient pas réagi, pourquoi ils ne s’y étaient pas opposés, j’étais révolté ». C’est aussi le sort de deux écrivains est et ouest allemands Erwin Strittmatter et Günter Grass, tous les deux ayant dissimulé leur passé peu glorieux au sein des structures militaires nazies, qui avait conforté le jeune Fischer dans la conviction qu’il fallait agir pour ne pas réitérer les erreurs de la précédente génération et devoir les regretter par la suite. Le troisième facteur fut enfin la guerre au Vietnam. « Quand le chancelier Schmidt avait déclaré que la liberté de l’Allemagne devrait être défendue au Vietnam on était tous effrayés, car cela nous concernait directement avec la conscription », rappelle-t-il.

Le tournant de 1976
Après des années d’opposition militante auprès du mouvement des étudiants socialistes, la deuxième moitié des années 70 marque un tournant dans sa carrière politique. « C’était en 1976 lorsqu’on a tous été très marqués par le détournement d’un avion d’Air France en Ouganda organisé par des terroristes palestiniens et deux membres allemands de la Bande à Baader, j’ai été personnellement choqué quand ils avaient séparé les passagers juifs des non-juifs en menaçant de les exécuter ». C’est à ce moment là que Joschka Fischer se tourne vers le mouvement pacifiste. Il intègre finalement le parti des Verts en 1982. L’année suivante il est élu député au Bundestag. De 1985 à 1987 il occupe le poste de Ministre de l’Environnement et de l’Energie du Land de Hesse, qu’il retrouve entre 1991 et 1994.

« On envoie les troupes » : une première depuis 1945
Grâce au succès des Verts aux élections législatives de 1998, amenant le parti écologiste au pouvoir aux côtés du SPD de Gerhard Schröder, Joschka Fisher est nommé Ministre des Affaires étrangères, un poste qu’il occupera jusqu’en 2005. Et c’est pendant cette période que la conduite de la politique étrangère par le porte-parole des Verts fera couler beaucoup d’encre. En 1999, M. Fischer devient en effet le premier homme politique allemand depuis 1945 à engager l’Allemagne dans une opération militaire. Malgré les débats houleux qu’a suscités cette décision, dix ans après, Joschka Fischer n’éprouve aucun regret. « Si on avait laissé faire Milosevic, on aurait assisté à un épouvantable génocide. On était obligé d’agir. Je me suis d’ailleurs rappelé ce que je reprochais à mes parents à une époque, et je me suis ditj: je ne peux pas faire comme eux, rester les bras croisés en faisant semblant d’ignorer ce qui se passe. On devait envoyer nos troupes, c’était la seule solution pour arrêter le massacre. »

« Le plus grand danger pour l’Europe c’est le nationalisme »
Une décision qui, selon M. Fischer, répondait aussi aux intérêts de l’Europe. « Qu’est ce que l’Europe après tout ? », s’interroge-t-il. « C’est l’histoire d’un continent et de peuples qui voulaient toujours vivre en paix; comme le rappelait François Mitterand, le plus grand danger pour l’Europe c’est le nationalisme; l’Union Européenne repose avant tout sur un contexte de paix, où les conditions pour un développement économique et une coopération politique des Etats sont les plus propices. » M. Fischer reste sceptique cependant quant à l’avenir politique de la construction européenne. « On assiste à un paradoxe, d’un côté on a des Etats qui veulent précieusement garder leur souveraineté, et de l’autre ils tendent tous vers un rapprochement politique de plus en plus fort. En tout cas on est arrivé à une étape où il faudra attendre plusieurs dizaines d’années pour voir émerger un meilleur traité que celui de Lisbonne. »

Piotr Czarzasty

Photo: World Economic Forum 

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