Ce jeudi, la moyenne d’âge du Digital campus aux Bassins à flot, a pris un sérieux coup de jeune : une centaine de collégiennes de classe de 4ème et 3ème, ont envahi les lieux à l’occasion de la deuxième édition du DigiGirlz. Cet événement, porté par l’association Zup de Co, a pour vocation de sensibiliser les adolescentes, et notamment celles de collèges du Réseaux d’Education Prioritaire, aux métiers du numérique dont l’univers est très majoritairement masculin.
Pour les représentants de l’association, « le numérique est un secteur porteur, et nous savons que tous les jeunes n’ont pas les mêmes chances de profiter de son dynamisme : c’est pourquoi nous nous adressons directement aux jeunes qui ne pensent pas nécessairement y avoir leur chance, afin de leur montrer, témoignages à l’appui, qu’il s’agit d’un secteur ouvert à tous. ». Voilà en quelques mots l’esprit du DigiGirlz. Tout au long de la journée, les ados venues des collèges Blanqui, Léonard Lenoir et Edouard Vaillant ont pu rencontrer des acteurs et actrices du numériques. Un focus particulier a par ailleurs été fait sur la fabrication et les métiers du jeux vidéo, où les femmes sont particulièrement peu présentes. En effet, en France, elles représentent seulement 15% des salariés de ce secteur…
Encourager les adolescentes à aller dans la voie du numérique et du jeux vidéo
Parmi elles, Aurélie Belzanne, responsable marketing et communication chez ASOBO, studio bordelais indépendant de développement de jeux vidéo qui travaille, notamment, avec Microsoft sur la création de jeux holographiques. Un peu dissipées en début d’intervention, les collégiennes ont rapidement marqué leur intérêt quand l’intervenante leur a listé quelques uns des jeux auxquels elle a participé. « Assassin’s Creed » emportant haut la main le niveau sonore des cris d’étonnement et autres « Waoh ! » d’admiration, devant les « Lapins crétins », ou encore « Prince of Persia ». Une intervention à travers laquelle la jeune femme a clairement encouragé les adolescentes à aller dans la voie du numérique et du jeux vidéo si telle est leur envie. Une prise de parole d’autant plus convaincante pour les jeunes filles, qu’Aurélie Belzanne vient elle-même d’un collège de ZEP. «L’argent et le milieu social ne sont pas un facteur limitant, il existe des écoles gratuites de très bon niveau ou encore des solutions de bourses permettant de faire ses études ». Et de leur lister le type d’études correspondant aux nombreux métiers gravitant autour du jeux vidéo : tant sur le management, le design, le marketing, le développement web, le codage, la programmation, etc…
« ça m’a toujours fascinée de savoir comment on fait bouger les personnages et les choses sur un écran… »
Une découverte en effet, pour nombre de jeunes filles « je ne pensais pas qu’il existait autant de métiers pour faire un jeu vidéo », admet Coline, élève de 4ème au collège Léonard Lenoir… Mais pour autant, elle et les deux camarades qui l’entourent, Lina et Cheima, n’ont pas, au cours de cette journée, développé une vocation pour le jeu vidéo… et les ateliers pratiques de l’après-midi, sur l’initiation à la programmation n’y ont sans doute rien fait non plus…
A l’inverse Sandra, en classe de 3ème au collège Blanqui, a trouvé la journée « passionnante ! ». Pour elle, la vocation est là depuis bien longtemps : « ça m’a toujours fascinée de savoir comment on fait bouger les personnages et les choses sur un écran… » Elle, c’est décidé, elle sera programmeur. Elle a profité de l’occasion pour demander à Aurélie Belzanne, la formation à suivre. Réponse : « une école d’ingénieur, en passant par des prépa maths sup et math spé, soit par le biais de la formation universitaire. Mais c’est pas parce que ça paraît long ou difficile que ça l’est si tu es motivée ». En réalité, l’annonce d’un Bac +5, n’a pas l’air d’impressionner tant que ça la jeune fille, plus que décidée sur son avenir professionnel…
Un petit bout de rêve à portée de main
Au cours de l’après-midi, la collègienne s’est aussi enthousiasmée pour une autre présentation celle de l’association de jeux vidéo Flat226, qui loin d’être un lieu où l’on joue, se veut une structure pivot pour faciliter les rencontres autour de la fabrication de jeux vidéo, et notamment sur l’orientation des jeunes, ou la mise en relation ou l’accompagnement de certain projet personnel ou professionnel. Pour une jeune fille telle que Sandra, l’association pourra la conseiller sur son orientation, lui trouver un/des stages, etc… Elle compte bien d’ailleurs aller à leur rencontre, et peut être, avec l’accord des parents bien sûr, participer à des « Game jam » proposés troisfois par an par Flat 226. En quelques mots : « c’est la fabrication d’un prototype de jeu vidéo en 48 h non stop », explique Yannick le porte-parole de l’association. Autant dire, un petit bout de rêve à portée de main pour la jeune passionnée du collège Lenoir.
Si bien sûr cette journée n’aura sans doute pas convaincu l’ensemble des jeunes filles à imaginer leur avenir professionnel dans le secteur du jeu vidéo, elles auront au moins dans un coin de leur tête la connaissance que cela existe et la certitude que ça leur est ouvert, pour elles autant que pour d’autres. Ce que Lina et Coline confirment bien volontiers ; « c’est pas parce qu’on est des filles, qu’on n’a pas le droit ou qu’on a peur de faire ces métiers. On ne trouve pas non plus que ce sont des métiers de garçons. Nous, c’est juste qu’on n’a pas envie de faire ça. » Que les organisateurs se rassurent, du haut de leur 13 ou 14 ans, même en cherchant bien, elles n’avaient pas non plus d’autres envies professionnelles particulières en tête.