Des salariés de Cdiscount dénoncent des conditions de travail et des salaires « déplorables »


Hélène Fiszpan | Aqui

Des salariés de Cdiscount dénoncent des conditions de travail et des salaires « déplorables »

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Publication PUBLIÉ LE 20/05/2008 PAR Nicolas César

« Depuis la création de Cdiscount, il y a 10 ans, nous n’avons jamais eu d’augmentation de salaires. L’ancienneté n’est même pas prise en compte dans la société. Nous faisons 39 heures et nous ne sommes payés que 1 200 euros bruts, le Smic « , dénonce Virgine Camiade, 54 ans, délégué FO à Cdiscount, et six ans d’ancienneté. Une centaine des 700 salariés que compte CDiscount, a donc décidé de se mettre en grève pour obtenir un meilleur traitement. Ils réclament une augmentation de 300 euros net, un treizième mois, une prime d’ancienneté et une mutuelle.

« Cdiscount détourne la loi »
« On ne peut plus vivre avec l’inflation et la flambée du baril de pétrole. On survit. On est tous les mois à découvert », poursuit Virgine Camiade, préparateur de commandes. « Les gens sont écoeurés, car ils nous ont fait miroiter à l’embauche des perspectives de carrière », ajoute t-elle. La déléguée FO estime, par ailleurs, que de nombreux salariés sont victimes de harcèlement, d’insultes de la part de leur encadrement. En 2007, la société a enregistré 107 démissions. La déléguée FO va même plus loin et souligne que la direction de CDiscount demande à l’équipe du matin (5h-13h30) d’embaucher à 5h05 le mercredi, pour éviter de payer une heure de nuit. « La loi prévoit que lorsque l’on embauche trois jours de suite à 5 heures du matin, la première heure est comptée en heure de nuit le troisième jour. Cdiscount détourne la loi. Nous sommes exploités. Nous sommes les nouveaux OS », déclare t-elle, en colère. En 2007, Cdiscount a augmenté son chiffre d’affaires de 25% pour le porter à 660 millions d’euros.

Les grévistes de Cdiscount assignés en justice
De son côté, la direction de Cdiscount, qui se dit sur son site « créateur de pouvoir d’achat », refuse toute négociation tant que les salariés ne mettront pas fin à la grève. Elle a même assigné une dizaine de grèvistes au tribunal de grande instance de Bordeaux pour entraver à la liberté de commerce. Depuis le début de la grève, le retard de livraison atteindrait 100 000 colis. Elle estime que les grévistes ont empêché des camions de décharger, ce que conteste Virgine Camiade. Selon Me Bisiau, avocate des grévistes, « il n’y a eu aucune volonté de bloquer l’entreprise. Cdiscount a saisi de manière abusive le tribunal. Sinon, à chaque grève, les entreprises vont saisir le TGI. Ils ont seulement voulu leur faire peur et casser la grève ».

Le tribunal déboute Cdiscount
Me Vouin, quant à elle, avocate de Cdiscount, rappelle que « au niveau des contentieux sociaux, il n’y a jamais rien eu qui stigmatise un comportement anormal de cette société. » En mars 2005, seize employés des entrepôts de Blanquefort avaient déjà fait grève pour dénoncer leur conditions de travail et des problèmes récurrents de chauffage. Le thermomètre dans leur bâtiment indiquait à six heures du matin -6°C. Par ailleurs, le tribunal de grande instance de Bordeaux, saisi par l’UFC Que Chosiir a condamné le 11 mars le site de commerce en ligne Cdiscount à supprimer de ses conditions générales de vente une dizaine de clauses abusives, comme l’absence de délai ferme de livraison.   Les grévistes ont décidé de reprendre le travail, tout en maintenant des débrayages ponctuels. Mercredi 21 mai, à Bordeaux, le juge des référés a débouté Cdiscount dans son ordonnance, constatant « l’absence d’un trouble manifestement illicite ou d’un dommage imminent », pour l’entreprise. Dans la journée, Cdiscount a accepté de recevoir les syndicats et d’ouvrir des négociations. La grève a été suspendue, mais les salariés envisagent à nouveau des débrayages si leurs revendications ne sont pas satisfaites dans la semaine. Contactée, Cdiscount n’a pas souhaité s’exprimer.

Nicolas César

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