Crime : une exposition historique aux Archives de la Gironde


Exposée jusqu'au 2 avril aux Archives départementales de la Gironde, l'exposition « La science à la poursuite du crime » remonte l’histoire, longue et méconnue, de la police scientifique et technique afin de comprendre les enjeux actuels.

À l'entrée de l'exposition, une préface sur Alphonse Bertillon, pionnier de la science du crimeJuliette Huard - Aqui

« La science à la poursuite du crime » occupera les locaux des Archives départementales de la Gironde jusqu’au 2 avril 2023.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 06/01/2023 PAR Juliette Huard

Il était une fois…  La science à la poursuite du crime s’ancre dans les 130 ans de la création du premier service d’identification judiciaire au monde, fondé en 1893 par Alphonse Bertillon, à la préfecture de Police de Paris. Elle s’inscrit aussi dans les 120 ans de l’affaire Scheffer survenue en 1902. C’est la première affaire criminelle résolue grâce à des traces digitales laissées par le criminel sur le lieu de son forfait. « Avant Alphonse Bertillon, la police s’impose sur les criminels par des passages à tabac. Or le criminologue veut que la police s’impose par la supériorité de la science », affirme le commissaire scientifique de l’exposition, Pierre Piazza.

Par ses techniques, Bertillon modernise et professionnalise les policiers. Les enquêteurs lui doivent beaucoup. Les films et séries policières également ! Il a, le premier, analysé les traces infinitésimales laissées par les criminels sur les lieux de leurs forfaits, établi et fixé l’identité de chacun ou encore photographié méthodiquement les scènes de crime et d’infraction.

Alphonse Bertillon, pionnier de la science du crime

L’exposition progresse au fil des inventions, méthodes et outils, d’Alphonse Bertillon (1853-1914). Les premiers pas dans la salle des Voûtes s’articulent autour de l’anthropométrie. Les présumés criminels ou délinquants sont désormais mensurés, des pieds à la tête, à l’aide d’outils : compas d’épaisseur, pieds à coulisse et toises. S’en suivent la preuve par l’image et le signalement descriptif. Il fait de la photographie une véritable information judiciaire. Le portrait des supposés criminels et délinquants se fait de face et de profil, dans des conditions d’éclairage et de pose identiques et sans retouche. Cela permet à Alphonse Bertillon de classer précisément chacun des criminels en fonction de leurs caractéristiques, tel un botaniste catégorise des plantes. On parle finalement de « bertillonner » un criminel.

Aménagé par Alphonse Bertillon, il s'agit de l'atelier des mensurations, du service parisien de l’Identité judiciaire, dans laquelle des agents appliquent différentes formalités anthropométriques.  Collection Pierre Piazza

Aménagé par Alphonse Bertillon à la fin XIXe siècle, il s’agit de l’atelier des mensurations, du service parisien de l’identité judiciaire, dans lequel des agents appliquent différentes formalités anthropométriques.

Malgré son rôle « fondamental » dans le développement de la police scientifique et technique,« c’est quelqu’un que l’on a un peu oublié », regrette Pierre Piazza. « Cette exposition met en avant les logiques qui sont toujours à l’œuvre. Comment la police scientifique et technique se développe par l’exploitation d’indices et de traces souvent infimes qui lui permet de trouver la vérité. (…) Il y a aussi les logiques de contrôle et de surveillance des populations qui peuvent être développées à partir de l’exploitation de données à caractère personnel détenues par l’État. C’est ce qu’on appelle la biométrie » , détaille-t-il.

Des archives authentiques et uniques

Des affaires célèbres, comme l’affaire Dreyfus, intègrent aussi l’exposition. Celle-ci met, par ailleurs, en lumière la logique de contrôle et de surveillance développée par les pouvoirs publics, à la fin du XIXe siècle, « envers certaines catégories de personne ». « Alphonse Bertillon a joué un rôle moteur dans l’identification de plusieurs catégories de personne stigmatisées comme potentiellement dangereuses ou délinquantes : les anarchistes comme la bande à Bonnot ou Ravachol, les délinquants récidivistes ou encore les tziganes », explique le commissaire scientifique.

Cette exposition rassemble nombre de documents et objets originaux. « Nos prêteurs sont nombreux… les archives de la préfecture de Police de Paris, les archives du service d’identification judiciaire, les Archives nationales, les archives du Service régional de la police scientifique et technique, l’École nationale d’administration pénitentiaire (située à Agen), les archives de la collection personnelle de Pierre Piazza, les archives de Bordeaux métropole et les Archives départementales de la Gironde », indique Véronique Pisani, responsable de la sous-direction des Publics des Archives départementales de la Gironde. Les voûtes du sous-sol sont faiblement illuminées afin de ne pas détériorer ces documents et objets, aussi précieux que rares. Cela sème également le suspens.

Une exposition aussi pensée pour les enfants

L’exposition a été pensée de sorte à intéresser grands et petits. «  Il y a des choses très précises qui peuvent être comprises par des adultes, des spécialistes, et des jeux et dispositifs, pensés avec les scénographes, pour amener les plus jeunes à réfléchir autour des notions de contrôle, d’identification, d’identité, et de stigmatisation de certaines populations », souligne Pierre Piazza. Parmi ceux-là : un photomaton permettant de créer sa propre fiche d’identité et une scène de crime à résoudre.

Afin d’éclairer les visiteurs sur les enjeux actuels, des ateliers d’expertise et conférences sont régulièrement animés par des historiens, des membres de la police judiciaire ou encore des techniciens de scène de crime. Alphonse Bertillon a inspiré les polices scientifiques et techniques du monde entier. Actuellement à Bordeaux, La science à la poursuite du crime a tourné à Montpellier, à Paris et en Normandie. Alors pourquoi pas voyager aux quatre coins du monde.

Infos pratiques !

La science à la poursuite du crime aux Archives départementales de la Gironde – Du 12 décembre 2022 au 2 avril 2023
Entrée gratuite

Visites guidées : mardi à 15h, vendredi à 10h, samedi à 16h30 et dimanche à 14h30 et 16h30

Possibilité de réserver une visite spéciale pour les groupes de plus de 10 personnes

Site internet : https://archives.gironde.fr

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