Cotiser pour mieux manger, le pari lancé en Gironde


Le Département de Gironde lance l'expérimentation d'une caisse commune de l'alimentation visant à rendre accessible les produits "de qualité" aux particuliers. Testé auprès de 400 personnes, ce système pourrait être généralisé en cas de succès.

Département de la Gironde

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 20/03/2024 PAR Enzo Legros

Repenser l’alimentation « de la terre à l’assiette ». Voilà les mots qu’a choisi d’utiliser le président du Conseil départemental de Gironde, Jean-Luc Gleyze, pour lancer l’expérimentation de 4 caisses locales de l’alimentation, situées à Bègles, Bordeaux-Nord, le pays Foyen et le Sud-Gironde.

Ce projet, élaboré par le jeune collectif Acclimat’Action, est testé sur 400 citoyens volontaires tirés au sort pendant l’année 2023. Ces particuliers cotiseront au moins 10€, selon leur niveau de revenu, ajoutés à un complément de 5 euros par personne supplémentaire vivant dans le foyer du participant (conjoint, enfants, etc). 

En échange, les participants recevront une allocation de 150 « MonA » (Monnaie Alimentaire, une monnaie numérique), équivalent à 150€, à dépenser uniquement dans les magasins compris dans le projet, ainsi que 75 MonA par personne supplémentaire. 

Des magasins choisis sur critères 

Environ 10 épiceries et producteurs locaux sont aujourd’hui éligibles au paiement en « Mona » dans les 4 territoires concernés par l’expérimentation. Pour intégrer le réseau, les magasins doivent répondre aux critères fixés par la Charte commune de conventionnement établie par le collectif Acclimat’Action. Ils concernent « l’accessibilité, la proposition de produits locaux, la juste rémunération des agriculteurs et le bien-être dans le travail, autant pour les humains que pour les animaux », explique Eve Sonet, citoyenne participante au test départemental.

Si un point de vente conventionné ne répond qu’à un seul de ces critères, la monnaie alimentaire ne pourra être utilisée que pour 50% du prix de ses produits, ce qui veut dire que les clients devront régler la moitié du coût de leurs propres deniers.

Puisque que j’ai rencontré les commerçants, je suis sûre de la provenance des produits et je suis sûre que le producteur sera rémunéré à sa juste valeur

Les citoyens cotisants participent au choix des magasins intégrés au cours de réunions de concertation avec les représentants politiques, et assurent eux-mêmes les visites d’évaluation dans les commerces volontaires. « On a un outil de politique publique où les usagers sont ceux qui le gèrent et qui l’orientent », indique David Fimat, coordinateur d’Acclimat’Action. « Puisque que j’ai rencontré les commerçants, je suis sûre de la provenance des produits et je suis sûre que le producteur sera rémunéré à sa juste valeur », confie Eve Sonet.

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Une réunion de concertation sur le conventionnement de nouveaux magasins dans le projet, selon des critères démocratiquement définis par les participants à l’expérimentation.

Une équipe de cinq chercheurs de l’Université de Bordeaux documentera l’évolution de la vie démocratique dans le cadre de ce projet. « On va aussi suivre l’évolution de la consommation des citoyens, voir l’écologisation du système des acteurs alimentaires et des systèmes agricoles », ajoute Marthe-Aline Jutand, chercheuse membre de ce groupe de travail.   

Une généralisation du système à l’avenir ? 

« Il y a urgence à agir si on veut un système agricole plus durable permettant aux personnes de manger comme ils le souhaitent, mais aussi aux agriculteurs d’aller dans un courant que tout le monde appelle de ses vœux », estime David Fimat.

Le Département de Gironde tient à « expérimenter avant de généraliser », selon son président Jean-Luc Gleyze. La sécurité sociale de l’alimentation girondine devra donc faire ses preuves d’ici décembre 2025 avec un budget de dépenses prévisionnelles de fonctionnement fixé à 403 054€ sur la période de juillet 2023 à décembre 2025.

Enveloppe à laquelle s’ajoute, le budget spécifiquement dédié à l’expérimentation de la caisse (d’avril 2024 à avril 2025), constitués des cotisations des participants pour un total de 214 000€, et une série de subventions dont 150 000€ de la Gironde, 60 000 € de la Ville de Bordeaux, 20 000€ de Bordeaux Métropole, 15 000€ de la Région, 10 000€ de la Ville de Bègles et 70 000€ de l’appel à projets « Mieux manger pour tous », financé par l’Etat. Soit 539 000 € de fonds pour la caisse.

De nombreux projets de caisses de cotisation alimentaire ont été lancés en France, sous des formats différents. « Pour que notre hypothèse soit étudiée sérieusement, elle doit avoir fait ses preuves, elle doit être réclamée par les citoyens, et doit être soutenue collectivement par les pouvoirs publics », rappelle pour sa part Pierre Hurmic. 

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