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Devenir annonceur
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PUBLIÉ LE 05/04/2008 PAR Joël AUBERT
C’est en tout cas le vrai combat de Jean-Yves Cendrey qui, avec « La maison ne fait plus crédit », achève une autobiographie où la violence et la haine lui offrent la distanciation possible à la dénonciation. Par le sacrilège de la transgression du tabou de la mère, il force à regarder en face une situation, là où, par réflexe, les yeux se tournent vers un ailleurs plus confortable. Par le décalage, enfin, du narrateur, qui n’est pas lui-même mais un autre malveillant, tout autant que par le mauvais rôle qu’il se donne à lui-même, il fait apparaître les multiples facettes de tous ses personnages, livrant l’ombre à la lumière crue du monde tel qu’il est parfois, écho incisif à nos propres abysses. Cendrey est un guerrier, il se tient d’ailleurs comme tel lorsqu’il parle, calé dans son siège, les jambes campées de part et d’autre, vigilant, prêt à bondir. Il dit « commettre » ses livres, comme on commet un larcin ou un crime, comme si, aussi, la littérature l’avait sauvé de la délinquance. Il l’avoue d’ailleurs. Il s’est « écrit un passeport d’écrivain « .
L’acte d’écrire …
Car la littérature sauve. Non qu’elle soit un simple exutoire, mais bien parce qu’elle est création, récréation parfois, évasion, véritable « concrétion » de plusieurs réalités. Le mot est d’Yves Pagès, présent lui aussi à ce débat, aux côté d’ Eric Chauvier, anthropologue. L’auteur manipule, égare parfois, offre plusieurs pistes d’interprétation au lecteur, à l’image du petit garçon que Pagès modèle d’incertitudes et de faiblesses dans « Le soi disant ». L’acte d’écrire est un compte rendu, d’expert, d’anthropologue, un miroir de la société, mais qui bien souvent se brise et qui, dans la fêlure ainsi ouverte, laisse apparaître le vrai ressenti de celui qui écrit, mêlé au sang de personnages réinventés, de situations reconstruites. L’auteur entre dans une sorte de schizophrénie : observateur extérieur, créateur, et acteur ( Eric Chauvier parle d’ « anthropologie littéraire » à son encontre, et à propos de son dernier livre « Si l’enfant ne réagit pas »).
Tour à tour, témoin, avocat, inventeur, manipulateur, rapporteur…
« Vous êtes avant tout un écrivain ? » lance Karine Papillaud qui anime le débat.
