Combien d’Anglais à Bordeaux? Bien peu, en fait!


Loin des chiffres fantaisistes annoncés par certains chroniqueurs la semaine dernière, les sujets de sa majesté Charles III qui résident aujourd'hui dans la cité Girondine sont peu nombreux. Les explications d'un démographe.

Visite de Charles III à Bordeaux le 22 septembre.TS- mairie de bordeaux

Visite du roi Charles III à Bordeaux le 22 septembre.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 26/09/2023 PAR Cyrille Pitois

A entendre certains médias nationaux commenter la visite de Charles III à Bordeaux, on pouvait croire que la ville était encore largement habitée par des Anglais. Jusqu’à 40 000 Britanniques à Bordeaux, affirmait le présentateur d’un journal télévisé. Et le roi Charles III ne pouvait manquer, au cours de sa visite officielle en France d’aller saluer une telle communauté britannique. Mais comment comprendre alors que les Anglais n’aient pas envahi la Place de la Bourse pour présenter de respectueux hommages au couple?

Les chiffres sont évidemment à regarder de plus près. D’après le recensement, on compte 39 000 sujets britanniques résidant en Nouvelle-Aquitaine, soit la bagatelle de douze départements au total, un périmètre bien plus étendu que la seule métropole girondine!

Le recensement est formel : Bordeaux et la métropole n’hébergent qu’un gros millier de ressortissants du Royaume Uni. « Principalement des jeunes, la plupart encore étudiants et quelques jeunes professionnels, » analyse Christophe Bergouignan, professeur de démographie à l’université de Bordeaux.  » On dénombre aussi environ 80 Anglais qui vivent à Bordeaux et sont âgés de 70 ans et plus. La majorité d’entre eux sont installés depuis plus de 50 ans. Ils ont fait leur vie professionnelle notamment dans les métiers du vin. »

On parle ici d’immigrés britanniques, c’est à dire des gens dont la nationalité est le Royaume-Uni ou qui sont naturalisés Français mais dont la nationalité précédente était le Royaume-Uni. 

Un millier de personnes seulement, pas étonnant dès lors que le bain de foule du couple royal se soit transformé en petite sauterie avec invitations triées sur le volet.

38 000 Britanniques en Dordogne, Haute-Vienne, Corrèze, Charentes…

La présence des Anglais est très différente entre Bordeaux et le reste de la Nouvelle-Aquitaine. A l’extérieur de la Gironde, les Anglais sont majoritairement implantés sans surprise en Dordogne. « Mais ce département ne devance pas les autres de façon écrasante, nuance Christophe Bergouignan. La Corrèze, la Haute-Vienne, les Charentes et dans une moindre mesure, le Lot-et-Garonne accueillent aussi des couples, généralement sans enfants, retraités parfois dès 55 ans, qui rénovent une vieille demeure. » 

En fait si la Dordogne a été le premier département à cristalliser les envies de douceur à la française, le département n’a sans doute pas suffi à fournir les maisons répondant aux critères de le clientèle britannique. C’est pourquoi le phénomène a progressivement gagné les départements voisins. A contrario, les Landes et les Pyrénées-Atlantiques n’ont guère la côte.

Aucun effet Brexit

« On ne sait pas identifier une raison précise à ces implantations. C’est plutôt un effet de mode, auprès d’une catégorie d’âge, des gens plutôt instruits ayant quelques notions en Français, » décode Christophe Bergouignan.

Hors Bordeaux et sa métropole, dans la classe d’âge des 70 ans et plus, les Britanniques sont la moitié à avoir le niveau Baccalauréat et 30% un niveau licence, quand 25% de la population française de la même tranche d’âge a le niveau bac et 10 % un niveau licence. 

Reste à savoir quel effet a eu le Brexit sur ces Anglais tombés amoureux de la France? « Quasi nul ! observe le démographe. Mais on n’est pas capable de dire si c’est parce que ceux qui sont rentrés vivre en Grande Bretagne compensent ceux qui ont fait le choix de quitter le pays… ou si cela n’a guère modifié les comportements. » 

Pour autant l’insertion professionnelle reste un sujet pour les Anglais en âge de travailler : hors de Bordeaux et sa métropole, le taux d’emploi des 18-35 ans est de 53% pour les Anglais, quand il est de 66% pour le reste de population.

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