Chirurgiens libyens à Poitiers : une transmission de savoir


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Chirurgiens libyens à Poitiers : une transmission de savoir

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 06/07/2018 PAR Julien PRIVAT
Quand on pénètre dans ce grand espace, on a surtout l’impression de se retrouver dans un bloc opératoire classique : tenues stériles, masques, charlottes. Mais autour de la table d’opération, on parle anglais et surtout on apprend via le procédé Simlife mis au point, développé et diffusé à Poitiers. Autour de deux tables d’opération, des équipes mélangeant quatre professeurs français et des chirurgiens lybiens. Au total, ils sont quinze, dont trois femmes, à être accueillis à Poitiers pour trois semaines d’apprentissage intensif de « nouvelles pratiques » chirurgicales. Ces médecins proviennent de différents hôpitaux en Libye. « C’était l’un des critères de la mise en place de cette formation, » explique Jérôme Cau, docteur à l’initiative du projet, très proche de la Libye, puisqu’il a travaillé 4 ans à Benghazi, pendant la Révolution. Depuis 2014, il est de retour à Poitiers et il a décidé de monter cette opération : « Support to Libyan Local Actors ».

Le voyage de ces médecins libyens est entièrement pris en charge : une enveloppe de 250 000 euros (visas, Billets d’avion, hébergements, apprentissage et visite de la région pour s’acclimater un peu). Une opération soutenue et financée par le ministère des Affaires étrangères, l’ONG française de solidarité internationale, Acted (Agence d’Aide à la coopération technique et au développement), ainsi que des fonds européens. 

Un chirurgien libyen apprend les gestes de sutures avec précision. Les capteurs situés sur ses bras peuvent corriger sa gestuelle.
De nouvelles méthodes chirurgicales                      
L’objectif principal pour ces chirurgiens libyens reste la découverte de méthodes chirurgicales auxquelles ils ne sont pas forcément confrontés dans leur pays, comme la coelioscopie. « Une technique peu pratiquée en Libye, reconnaît Jérôme Cau. La plupart du temps les patients sont contraints d’aller se faire opérer à l’étranger. L’idée avec cette formation, c’est de leur donner l’occasion de faire connaissance avec ce genre d’interventions et à terme d’envoyer le matériel nécessaire pour qu’ils puissent reproduire ces opérations chez eux. » Grâce à un simulateur, le chirurgien en formation, qui est équipé de capteurs, peut acquérir une gestuelle parfaite pour suturer avec précision des vaisseaux. Le logiciel, grâce à de multiples caméras, analyse ses mouvements et les corrige. En quelques jours de pratique, il y a déjà une belle progression pour les Libyens qui au départ mettaient une vingtaine de minutes pour suturer, désormais ils sont passés sous la barre des dix. Cette démarche et cet échange de savoir séduisent Baracka Scharfaddin, l’un des chirurgiens libyens qui vient pour la première fois en Europe. « L’accueil a été bon. J’ai découvert de nouveaux instruments. C’est une bonne expérience. Cela change de ce que je trouve en Libye, le retour à la réalité risque d’être compliqué », sourit-il.`
 
Simlife : un procédé poitevin 
Autres opérations au programme, des chirurgies,  lourdes avancées : vasculaires, digestives, oesophagiennes, abdominales… le tout grâce au procédé Simlife, développé à Poitiers. Il s’agit d’un mannequin humanoïde à très haut degré de réalisme utilisant des corps que les personnes ont accepté de confier à la médecine. « On prépare les mannequins selon les critères et les opérations. Il y a du faux sang qui circule et on arrive à reproduire la respiration. Le corps est également réchauffé. Donc si le chirurgien fait une plaie, il y a une liaison qui se crée et ça saigne. » explique Cyril Brèque, docteur en mécanique, l’un des créateurs de Simlife.
 
L’accueil de chirurgiens libyens s’est bien déroulé. Une nouvelle formation est programmée soit en octobre soit en novembre. La date reste à fixer. Seize autres chirurgiens devraient donc venir s’exercer à Poitiers. L’objectif est que ces personnes puissent en former de nouvelles sur place et que ces techniques puissent également être importées en Libye. Les quinze premiers chirurgiens libyens ont même eu le privilège d’avoir la visite de leur ministre de la santé, Omar Bashir al-Taher, ce mercredi 4 juillet. Ils repartent dans leur pays le 7 juillet avec plein de nouveaux savoirs dans leur mallette de médecin. 
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