1er partenariat sur le site d’hydrolienne


SEENEOH/geokali

1er partenariat sur le site d'hydrolienne

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 13/06/2017 PAR Romain Béteille

Vous l’avez peut-être vu sur les bords de Garonne, près du pont de pierre. Installé depuis mars dernier, le site d’expérimentation Seeneoh (Site expérimental estuarien national pour l’essai et l’optimisation d’hydroliennes) de sept hectares, collaboration étroite et de longue haleine (l’annonce du projet date de 2011) entre les sociétés Energie de la Lune, Cerenis, SEML Route des Lasers et le groupe Valorem, a enfin trouvé son premier partenaire officiel. Il s’agit d’une société originaire de Grenoble, HydroQuest. Son PDG, Jean-François Simon, a révélé ce mardi à Bordeaux que son hydrolienne serait installée sur l’un des trois emplacements mis à disposition aux industriels, une plateforme baptisée Bilbao, d’ici le mois de novembre prochain pour une période d’un an. Une première convention d’utilisation ayant été signée aujourd’hui, c’était l’occasion idéale de revenir sur le projet et sa nature.

Fonctionnement à la pointe

Pour faire simple, disons qu’en plus d’être « unique en Europe », le site, qui fera office de test en milieu naturel pour les turbiniers professionnels, proposera un accompagnement complet au travers de différents acteurs associés : la performance énergétique et la certification sera coordonnée par le groupe Valorem, le suivi d’impact environnemental et la certfication validées par l’entreprise bordelaise Energie de la Lune, le suivi mécanique assuré par Cerenis et la maintenance par Valemo et Valorem. Très concrètement, il permet de tester trois technologies hydroliennes raccordées simultanément au réseau électrique, pour une capacité totale de 250 kW. Baptisées Quebec, Bilbao et Bristol (trois villes jumelées avec Bordeaux elles aussi en pointe sur les sites d’essai), ces plateformes (dont deux coffres flottants) sont installées sur un site particulièrement propice aux tests de ce type de technologie en raison de la force des courants et de leur aspect bidirectionnel. Physiquement sur site, il s’agit en fait d’une hydrolienne marine, accrochée au fond de l’eau et d’une seconde captant les courants.  

Objectifs internationaux

Pour HydroQuest, même si l’enjeu est fort, l’essai bordelais est loin d’être un coup d’essai : déjà installés en Guyane ou à l’international (Afrique et Asie sur des petits sites), la société dispose d’une importante dynamique commerciale et devrait même se lancer dans quatre ans dans la commercialisation d’ydroliennes en milieu marin, après avoir lancé sa première « ferme pilote » dans un an et demi. Ce projet-ci a tout de même la particulairité d’être estuarien (80 kW), et de leur demander de s’adapter en fabriquant une machine « à la fois fluviale et marine ». Le projet SEENEOH, Jean-François Simon le scrute attentivement depuis 2009, mais tout reste encore à faire. Si, théoriquement, les machines sont démontables et recyclables, les phases de tests comprendront logiquement quelques sacrifices. « On est encore en phase d’expérimentation, ce qui veut dire que ça coûte encore cher et qu’à la fin, on mettra la machine à la benne ». C’est donc avant tout une intention qui sera jaugée sur les bords de Garonne, mais une intention qui coûte. Avec pas moins de neuf brevets déposés (avec EDF), un bureau dans les locaux de l’écosystème Darwin et un investissement de l’ordre de 700 000 euros, l’entreprise joue gros pour tester sa machine en vue d’optenir les certifications utiles à sa mise sur le marché au niveau industriel (qu’elle espère vendre à 90% en export). Ces chiffres sont encore plus significatifs lorsqu’il s’agit de détailler les investissements de la construction de SEENEOH, puisqu’on parle là d’un ordre de trois millions d’euros. 

Dans ces paramètres, comme Jean-François Simon l’explique, « l’hydrolienne fournira de l’énerfie en continu, contrairement, par exemple, au photovoltaïque. Tout cela pour un coût de production estimé entre 50 et 200 euros du mégawatt. Bien sûr, l’hydrolienne n’en est encore qu’à sa phase d’expérimentation et, en l’absence d’une réelle filière industrielle (comme c’est le cas pour l’éolien), l’enjeu est évidemment de créer un contexte économique favorable à sa création, avec notamment une étape cruciale : la fixation de tarifs d’achats de cette énergie. En effet, l’objectif de 32% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique français d’ici 2030 est un calendrier d’appel d’offre de 26 000 mW d’éolien… et de solaire d’ici à la fin 2023 : pour l’instant, aucune trace d’énergie hydrolienne. « Nous allons entrer dans des discussions avec le ministère de l’Environnement pour avoir un soutien politique concernant le rachat de l’électricité. Par contre, ce sera sûrement plus rapide parce qu’il n’y aura pas de fossé industriel comme avec l’éolien offshore », affirme Marc Lafosse. Lilian Labit, chef de projet pour la SEML Route des lasers, a en tout cas bon espoir que ce premier exemple en appelle d’autres.

Avenir timide ?

« Nous sommes en contact actuellement avec une quinzaine de prospects qui se disent intéressées par les autres emplacements, on espère bien contractualiser avec l’un d’entre eux dans les prochains mois ». L’initiative d’installer une technologie hydrolienne n’est pas une première à Bordeaux : en 2015, déjà, la société Hydrotube Énergie avait réussi, avec un courant de deux mètres par seconde, à produire 20kW en puissance maximale, soit la consommation énergétique d’une douzaine d’habitants sur une année (pour un coût d’environ 150 000 euros par machine). Bordeaux semble en tout cas surfer sur la tendance des énergies vertes. Si une centrale photovoltaïque est installée sur la vingtaine d’hectares de parking du Parc des Expositions depuis 2012, le maire de Bordeaux a annoncé en séance de conseil municipal ce lundi qu’une deuxième est en projet au niveau de l’ancienne décharge de Labarde. Sa puissance pourrait s’élever à 57 mW et pemettrait de produire la consommation énergétique annuelle d’environ 50 000 personnes. En attendant, c’est un vaste chantier qui attend l’énergie hydrolienne en France mais aussi dans le monde, pour entériner les objectifs énergétiques fixés par la COP21. Fin 2016, les énergies vertes représentaient 24,5% de la production d’électricité et 19,3% de la consommation finale d’énergie. En 2015, la part des énergies marines était de 0,2% et les turbines des six parcs installés au large des côtes en Bretagne, Normandie et Vendée, ne devraient pas tourner avant dix ans. L’énergie qui sera produite par la machine d’HydroQuest à Bordeaux aura, en revanche, une utilisation directe plus limitée en périmètre : elle devrait alimenter un parc de rechargement de voitures électriques et les locaux de la Maison Écocitoyenne. 

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