Bordeaux menacée par Airbnb ?


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Bordeaux menacée par Airbnb ?

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Publication PUBLIÉ LE 13/04/2017 PAR Matthias Hardoy

Matthieu Rouveyre, conseiller municipal et départemental PS, lance un pavé dans la mare. Les résultats de l’étude qu’il a menée avec la sociologue Johanna Dagorn prouveraient la forte nocivité sociale du fameux site de location et de ses équivalents. Alerté par les difficultés de certains bordelais à retrouver un logement en location, après que leurs anciens propriétaires se soit tournés vers Airbnb, le conseiller municipal décide, il y un an, de regarder de plus prés comment la plate-forme communautaire transforme la ville. Il prend contact avec l’australien Murray Cox et le canadien Tom Slee. Deux chercheurs et «hactivistes» qui grâce à des logiciels perfectionnés ont collecté de très nombreuses données sur  »le phénoméne Airbnb » qui touche de très nombreuses villes dans le monde (Berlin, Barcelone, New-York…).
S’il lui communique beaucoup d’informations notamment sur la situation bordelaise, Tom Slee refuse la proposition de Matthieu Rouveyre de participer à la création d’un Observatoire français. Le socialiste bordelais monte alors ce projet avec des chercheurs et des informaticiens français. Les données sont accessibles en ligne depuis octobre 2016 sur le site de l’Observatoire. Pour pouvoir prendre du recul et analyser ces résultats, il décide de faire appel à une sociologue bordelaise spécialiste de la ville et de l’exclusion, Johanna Dagorn. Ensemble, ils publieront à la rentrée un ouvrage qui devrait faire du bruit, bien au delà de la métropole bordelaise.

D’une ville d’habitants à une ville de touristes?

Mais concrètement que représente Airbnb dans le cas Bordeaux ? 5000 logements bordelais sont sur la plateforme (surtout au Centre Ville, aux Chartrons et à St Michel) dont 84 % sont loués à l’année à divers touristes. Et c’est de ces derniers que viennent le hic selon Matthieu Rouveyre :«Il n’y a pas de souci avec les gens qui louent leur appartement le week-end ou pendant les vacances. Le problème c’est quand des bordelais sont obligés de partir de leur location car leurs propriétaires mettent le logement sur Airbnb. Où doivent-ils aller ?» Johanna Dagorn abonde dans son sens: «On est dans une logique d’exclusion systématique des moins aisés. A Bordeaux, il y a peu de logements sociaux et le prix de l’immobilier augmente. Lorsqu’on ne renouvelle pas leurs baux, ils faut qu’ils aillent de plus en plus à la périphérie, voir à la périphérie de la périphérie, en zone rurale où il y a de moins en moins de services publics!» déplore la sociologue. Airbnb encouragerait la spéculation immobilière et pousserait peu à peu les petites classes moyennes et les plus défavorisés (notamment les jeunes) hors de la ville. Voilà le fait majeur pointé par l’enquête sociologique menée durant un an. D’une ville d’habitants, on pourrait aboutir à «une ville de touristes». Une transformation qui ne se fait pas sans violence, dénonce l’élu de l’opposition. Dans un immeuble du quartier Saint-Michel par exemple, en deux ans, cinq des sept appartements sont devenus des locations Airbnb selon Matthieu Rouveyre. Pour les locataires restant, pas simple de cohabiter avec des touristes fêtards qui restent très peu et oublient parfois hélas de sortir les poubelles.

Quelles solutions face au phénomène Airbnb ?

Et comment réagir face à ces situations ? Le problème s’est posé à maintes reprises à travers la planète. Face à la colère de leurs administrés et des manifestations d’ampleur, les maires de grandes villes comme Barcelone et San Francisco ont réagi en mettant en place des politiques qui découragent les propriétaires (taxes, amendes, interdictions…) de louer leurs biens à l’année sur les plate-formes en ligne. Le conseiller municipal PS défend les taxations et contrôles mais propose également de renforcer la construction des logements étudiants et sociaux au coeur de la ville. Selon Matthieu Rouveyre, il est urgent de faire quelque chose car «les logements ne sont pas des biens comment les autres, ils permettent aux hommes de rester dignes». Si l’accès au logement devient beaucoup plus dur à Bordeaux, cette dignité se trouverait alors bafouée pour de nombreux bordelais.

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