Biarritz: un Fipa très innovant et parfois clivant


photos F. D.

Biarritz: un Fipa très innovant et parfois clivant

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 23/01/2016 PAR Felix Dufour

La 29e Festival international de programmes audiovisuels s’est donc terminé samedi soir par la proclamation de résultats souvent inattendus. Avec la victoire d’une fiction originale en provenance du Royaume Uni, « Birthday » proclamée à l’unanimité parmi douze œuvres d’un jury présidé par le réalisateur brésilien Karim Aïnouz avec la comédienne Marie Denarnaud. Les seuls lauréats qui n’étaient pas présents ou représentés sur la scène de la Gare du Midi en ce samedi soir, mais avaient eu la britannique diplomatie et très gracieuse délicatesse d’envoyer une vidéo pour faire partager leur joie. C’est l’histoire d’un couple qui, après la difficulté d’avoir un premier enfant, décide d’inverser les rôles pour le second. L’homme se fait greffer un utérus pour vivre lui même cette nouvelle grossesse.

Exit, dans la catégorie Séries, de « Baron Noir », réalisé par Zouiad Doueiri et écrit par Eric Benzekri et et Jean-Baptiste Delafon avec Kad Merad et Anna Mouglalis qui, par leur présence auront créé l’événement sur la Côte basque. Sans faire offense au jury présidé par le réalisateur Jean-Xavier de Lestrade, qui lui a préféré « Historia de un clan » de l’Argentin Sebastian Ortega, on peut penser que le Baron tourné pour Canal relatant les douloureuses péripéties d’un député socialiste du nord n’aura pas besoin d’un Fipa biarrot pour faire une carrière. 

Un documentaire sur les jihadistes qui fait polémiqueUn bon cru 2016 collant aussi irrémédiablement à l’actualité avec la catégorie Grand reportage et investigation avec une polémique inattendue. Quoi qu’un peu prévisible tant le sujet du jihad semblait d’évidence sensible. Nous l’avions écrit, des films d’une brûlante actualité sur l’islamisme étaient programmés dont « Salafistes », de François Argolin et Lemine Ould Salem. Une immersion à Gao au Mali ou à Tombouctou occupés par le Jihad dévoilée sans commentaire et servant la seule propagande salafiste. De quoi dérouter les spectateurs. C’est justement ce document brut de décoffrage et en raison d’images pouvant le choquer que la direction du Fipa a voulu réserver le jeudi sa projection pourtant libellée tout public, aux seuls observateurs accrédités, professionnels de l’image et journalistes. A la grande colère des abonnés de ce festival, dont certains refusèrent d’évacuer la salle. Mais à la colère conjointe des deux réalisateurs aussi qui estimèrent qu’il s’agissait là d’une forme de censure. Finalement, après force discussions véhémentes, la projection et le débat — largement alimenté par les événements — a eu lieu. Coïncidence, le Centre National du Cinéma (CNC), dont le directeur Michel Tardieu, le directeur général délégué, participait à un débat organisé le lendemain par la Société civile des auteurs multimédia, doit statuer sur son visa d’exploitation en salle. Il aura pu juger sur pièce. Crédité d’une interdiction aux moins de 18 ans, « Salafistes » serait assurément condamné commercialement parlant, car peu de chaines se risqueraient à l’acheter. C’est la première fois que le Fipa, son président Didier Decoin et son délégué général François Sauvagnargues ont du faire face à un tel incident depuis la création du Fipa… Qu’ils ont pris soin de minimiser.

Kad Mérad, Louise Bourgoin, des comédien (ne) s en pleine actualité

Louise Bourgoin Fipa Biarritz 2016

 Après « Sanctuaire » l’an dernier, Canal+ a donc mis tous ses moyens et fait se déplacer ses comédiens pour cette 29e édition avec la série, « Baron noir » au Fipa de Biarritz montrant ainsi son intérêt. Après Kad Merad qui a même assisté à une Master Classe publique, le lendemain, ce sont les deux auteurs, Eric Benzekri, qui a travaillé pendant vingt ans au Parti socialiste et Jean-Baptiste Delafon et la belle Anna Mouglalis qui ont rencontré la presse. Le réalisateur Ziad Zoueri serait bien venu à Biarritz, mais il était encore plein montage de la série. « Il a réalisé un superbe travail et avait un avantage : ne connaissant pas les arcanes de la politique française, il n’avait aucun a priori sur le rôle de ce député du Parti socialiste victime d’une trahison », au plus haut niveau, expliqua Eric Benzekri. Quand on lui fit remarquer qu’il y allait fort dans les deux premiers épisodes il répondit, « Qui aime bien châtie bien. Mais il fallait taper fort au début. » Anna Mouglalis a bien aimé interpréter ce rôle et dit s’être un peu imprégnée des discours de la ministre Christiane Taubira. « Cette femme est une véritable oratrice », a-t-elle découvert. Assurément, dans un environnement politique plutôt passionné, cette série créera l’événement en ce début du mois de février.

Un registre différent de la part des visiteurs du lendemain : le réalisateur de « La fin de la nuit », Lucas Belvaux, et la comédienne Louise Bourgoin en compétition dans la catégorie fiction. Ce téléfilm est tiré d’une des œuvres de François Mauriac, qui est la suite de « Thérèse Desqueyroux. La jeune femme y retrouve la comédienne et réalisatrice Nicole Garcia — elle joue sa mère qui la dirigeait dans “Un beau dimanche”. Le réalisateur belge Lucas Blevaux (“Pas son genre”, “Rapt”) n’était pas très enthousiaste quand le scénariste Jacque Fiéschi lui a proposé cette réalisation qu’il lui proposait de rendre contemporaine. “Je ne connaissais pas le personnage Mauriac que j’imaginais ‘poussiéreux et gaulliste, j’ai découvert une écriture et un contenu foisonnants.’

Pour l’occasion et le personnage, la jolie comédienne a coupé ses cheveux et se retrouve sous les feux de l’actualité — elle aussi — avec deux films fort remarqués : ‘Les Chevaliers blancs’ et ‘Je suis un soldat’. Aussi c’est à Biarritz, au milieu des festivaliers que Louise Bourgoin a découvert ‘La fin de la Nuit ».  « Cette année », je ne ferai pas de tournage », dit-elle en souriant et en montrant son petit ventre arrondi. Après voir tourné en 2011, « Un heureux événement », c’est apparemment ce qu’elle va vivre… en 2016.

En conclusion une édition très riche particulièrement grâce à son jeune SmartFipa, très innovant sur la télé de demain et ses conférences. Pierre Lescure, pour incompatibilité d’horaires d’avion et la Ministre Fleur Pélerin pour incompatibilité de programme annoncé au début ont décliné l’invitation à participer un débat avec la Société civile est auteurs multimédias. Ce qui n’a nuit en rien à la qualité des échanges.

Parfois clivant donc ce Fipa 2016, mais n’est il pas le miroir de ce que nous offrent les chaînes de télévision aujourd’hui?

Lire l’intégralité du palmarès: http://www.fipa.tv/…/Fipa_palmares-2016_def_site.pdf

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