Avenir de la vigne en Aquitaine: quel vin en 2020?


La viticulture aquitaine s'interroge face au marché médiocre et devant la perspective de la prochaine réforme de l'Organisation Commune de Marché (OCM) de l'UE. Un rapport du Comité Economique et Social d'Aquitaine (CESR) examiné hier à la chambre ré

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Avenir de la vigne en Aquitaine: quel vin en 2020?

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Publication PUBLIÉ LE 28/11/2007 PAR Gilbert Garrouty

La viticulture ce n’est pas rien dans l’économie de l’Aquitaine et l’occupation de son territoire: près de 14 000 exploitations, soit 52,5% des exploitations professionnelles spécialisées, 29 000 emplois, et une culture qui occupe 154 000 hectares. C’est ce que souligne un rapport trés fouillé sur le sujet qui a été présenté devant la chambre régionale d’agriculture d’Aquitaine par Jean-Pierre Goïty, membre de cette institution, ainsi que du CESR. Cette assemblée régionale s’est efforcée à travers une modélisation inspirée par de nombreuses auditions, en particulier l’INRA, d’imaginer l’avenir à travers un scénario fiction, celui d’une jeune femme viticultrice ,âgée d’une quarantaine d’années, et prénommée Maylis, dont l’arrêt sur image a lieu le 10 septembre 2020.

Percée du bio

C’est loin est très proche à la fois. On apprend ainsi que sa profession découle d’un choix, qu’elle a épousé un médecin, et vit dans une branche d’activité profondément transformée. Il ne reste plus en effet que 5000 vignerons, et seules, 500 ou 600 exploitations produisent de la super qualité. D’autre part la vigne et vin bio ont pris de l’importance, la part de ce dernier ayant atteint près du tiers de la production totale. La fiction vaut ce qu’elle vaut, mais elle a le mérite de frapper les esprits et de focaliser l’attention sur les changements en cours. Comme cela a été souligné au cours du débat qui a suivi, il y a tout d’abord l’effet démographique: la moitié des viticulteurs ont actuellement 50 ans et plus, et d’ici 2013 3 600 exploitations auront disparu. D’autre part l’Europe, à travers la réforme de l’OCM, projette de libéraliser les plantations et d’encourager l’arrachage (prévision:200 000 ha). L’objectif non avoué est de pousser à l’arrachage les exploitations petites et peu compétitives et de favoriser la création de grands domaines performants. C’est ainsi que le président du syndicat de Pécharmant, M. de Saint-Exupéry, s’est demandé si avec 40 hectares on sera encore compétitif en 2020, et si d’ores et déjà les chambres ne devraient pas « assister » la naissance des entreprises de demain !

Génétique et technicité

En ce qui concerne le bio, Bernard Artigue s’est montré sceptique sur la possibilité d’atteindre un tel niveau de production dans 13 ans, tout en soulignant qu’il ne faut pas opposer les deux formes de production. D’autant que le suivi parcellaire appliqué sur 30 000 hectares en Gironde permet de réduire les intrants en viticulture conventionnelle. De plus, comme l’ont à la fois indiqué Bernard Artigue et Bertran de Balanda ( ex-Viniflhor), la prochaine apparition de cépages « métis » devrait améliorer les résistances naturelles de la vigne. Bertran de Balanda n’exclut pas non plus que des porte-greffe génétiquement modifiés puissent être un jour utilisés. Côté OCM, Pierre Cambar, directeur du Conseil Régional des Vins d’Aquitaine, a notamment rappelé que la France est opposée à la libéralisation des droits de plantation, et il a indiqué qu’une étude commandée par plusieurs fédérations viticoles, et présentée voici quelques jours, conforte cette position. En fait la perspective pourrait être que l’on vérifie d’abord l’impact de la politique d’arrachage avant de libéraliser. Il n’en reste pas moins que pour Bertran de Balanda, le fond du problème est le désengagement général, en particulier de l’Etat, « alors qu’il y a nécessité d’une gouvernance mieux adaptée aux exigences à venir ».

Gilbert Garrouty

Notre photo:Pierre Cambar et Bertran de Balanda

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