Le genre du spectacle-hommage est un classique de la culture artistique flamenca. Mais l’exercice auquel s’est livré Pastora Galvan ce mercredi soir à Mont-de-Marsan, a cette subtilité, pour le coup pas si commune, que toutes les artistes qu’elle a honoré de sa danse, sont vivantes. Une vraie prise de risque alors pour l’artiste, d’autant que l’une de ses maestrias était dans la salle.
Sur la scène les six personnalités qu’elle représente, ont aussi leur loge. Une loge matérialisée par des porte-manteaux, du mobilier et une assistante, qui l’aide à s’habiller avant de ranger une à une les six robes portées par la danseuse au cours de la soirée. L’image de la présence toujours proche de ces 6 inspiratrices que sont Matilde Coral, Loli Flores, Milagro Mengibar, Carmen Ledesma, sa mère Eugenia de los Reyes et Manuela Carrasco.
Portraits dansésSix bailaoras de génie, dont les portraits dansés par Pastora Galvan démontrent tout l’étendu de son talent et sa technique impeccable. L’hommage à Mathilde Coral d’abord, dans une magnifique robe blanche, donne à voir la technique de Pastora en bata de cola. Puis vient le tour de Loli Flores, reconnaissable aux castagnettes dont Pastora Galvan s’amuse à jouer et danser dans le silence des autres musiciens sur scène. Après une apparition en Milagro Mentibar, c’est à Carmen Ledesma, (que le public d’Arte flamenco verra sur scène ce jeudi soir) qu’elle rend hommage. Une Carmen Lesdesma, présente dans la salle, impressionnée de s’être vue « comme dans un miroir ».
Enfin, avec humour et dans une forme d’intimité, c’est sa mère, à travers elle, qu’elle place dans la lumière, dansant toute une partie de son baile en fond de scène, les musiciens tournés vers elle et donc dos au public… Pastora Galvan semble ainisi offrir au public montois son regard de petite fille sur sa danseuse de mère : depuis les coulisses… Ajouté à cela l’image du père, José Galvan symbolisé par un porte-manteau habillé d’un chapeau et d’une veste de bailaor avec lequel danse la bailaora.
Un baile spontané et fougueuxMais la présence masculine de ce mercredi soir c’est El Farru qui l’a livré, prenant quant à lui les traits, les gestes, et les pieds de son grand-père, le mythique « Farruco ». La livraison d’un nouvel exercice de zapateados époustouflants. Enfin, c’est avec le port altier et fier de la reine Manuela Carrasco, que Pastora Galvan se présente. Ses poses de fière gitane alternées aux élans de vitalité d’un baile généreux et admirable, Pastora Galvan tient son rôle avec génie.
Mais c’est peut être encore quand elle redevient elle-même, dans une septième robe, à frange, à sequins et largement fendue jusqu’en haut de la cuisse, que Pastora Galvan, galvanise, justement, le plus le public. Un flamenco riche de toutes ses identités, marqué des codes les plus traditionnels, mais qu’elle transcende allègrement pour offrir un baille spontané et fougueux, épanoui et ouvert entre pureté et modernité.
A noter aussi la présence sur scène de la cantaora Juana la Del Pipa, invitée de Pastora Galvan, qui crachant son cante du plus profond de ses tripes, aura elle aussi impressionné le public décidément gâté ce mercredi soir.