Aquitains dans les médias : Thomas Hugues, « Vigie plutôt que procureur »


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Aquitains dans les médias : Thomas Hugues, "Vigie plutôt que procureur"

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 30/09/2008 PAR Joël AUBERT

« Vigie plutôt que procureur, incisif plutôt qu’agressif » c’est ainsi que se définit Thomas Hugues. Son ambition : alerter les journalistes sur les dérives possibles des médias; Depuis un mois, il présente « Médias le magazine » sur France 5, l’émission qui succède à celle de l’impertinent Daniel Schneidermann et son fameux « arrêt sur image » et au magazine « revu et corrigé » de Paul Amar sur France 5. « Je me pose en faisant cette émission les mêmes questions qu’il y a 20 ans. Je dispose dans cette émission d’une entière liberté pour parler de toutet de tout le monde ». L’homme est à la ville comme à la télé, l’image si lisse du gendre idéal lui colle à la peau. Souriant et détendu, c’est dans sa maison de production « Story box press » qu’il nous reçoit sans langue de bois et nous fait partager son expérience et son regard sur le métier.

De Sud ouest à TF1
A 42 ans, Thomas Hugues a déjàderrière lui une longue carrière de journaliste à laquelle est venue se greffer celle de producteur. Et c’est à Sud ouest, qu’il découvre son métier et y prend un goût indéniable. « J’étais en première année à Sciences po Bordeaux, et j’ai fait un stage pour gagner un peu d’argent » se rappelle-t-il. « A l’époque, je n’avais pas particulièrement envie de devenir journaliste. »Les rencontres, la variété des sujets ont vite fait de le convaincre. Entre la seconde et la troisième année à l’ESJ, l’école supérieure de journalisme de Lille, Thomas Hugues réitère cette expérience dans le quotidien régional. En 1989, à la sortie de l’école, il entre comme stagiaire àTF1, une entreprise dans laquelle il restera 17 ans. Pigiste pendant trois ans et demi, le jeune journaliste travaille dans divers services avant de co-présenter le magazine 7 à 8 en 2000 et de devenir le joker de PPDAde 2002 à 2006. « J’ai eu beaucoup de chances, d’abord comme reporter » insiste-t-il. « J’ai pu voyager et vivre certains évènements de prés comme la première guerre du Golfe ou les guerres dans les Balkans.» Thomas Hugues assiste en « témoin privilégié »à des évènements majeurscomme la riposte américaine en Afghanistan ou le passage du franc à l’euro. Et il ne manque pas d’exemples. « J’ai interviewé en direct Jean-François Mattei au journal de 20 heures; il n’avait pas pris toute la mesure du phénomène en pleine canicule lors de l’été 2003 » se souvient-il. «Des évènements passionnants à comprendre et à faire comprendre ». Une passion quiperdure sur la chaine d’information continue de la TNT, I-Télé de 2006 à 2008 avec la présentation en direct et tous les soirs de 18h30 à 20 heures. « Je recevais chaque soir des artistes, des hommes et des femmespolitiques ou des chefs d’entreprises. On s’enrichit à leur contact » remarque-t-il. La dernière campagne présidentielle a eu son lot de surprises : «J’ai reçu dans la même semaine et sur la même actualité Nicolas Sarkozy, François Bayrou et Ségolène Royal ».

Les risques du métier
Avec l’expérience, Thomas Hugues avoue peu de déception,si ce n’est celles que tout journaliste a lorsqu’il démarre avec une vision idyllique du métier. « On se rend compte que l’on est soumisà des pressions. Des contraintes économiques et politiques influencent le contenu de l’information. On apprend à y résister.C’est le métier qui rentre» explique-t-il. Car les pièges sont nombreux.« La presse s’auto alimente. Les journalistes de presse écrite regardent la télé et écoutent la radio et réciproquement. On a du mal à sortir de ces flux, de pousser des enquêtes plus profondes. » Le deuxième écueil, c’est la rapidité des moyens techniques. « On a des images, des sons qui arrivent de plus en plus vite. Avec le contexte concurrentiel, les chainesont une pression plus forte qu’avant; ça peut amener à faire des erreurs ». Le troisième piège, c’est l’autocensure. Dans les rédactions qui passent pour être proches de tel ou tel pouvoir, de droite comme de gauche, certains journalistes pratiquent l’autocensure, de peur qu’une information déplaise à untel. Y résister n’est pas facile. J’ai essayé et pas toujours réussi».Une réflexion surle métier à méditer de celui qui se plait à citer l’ancien directeur de France info, PascalDelannoy : « La vérité peut attendre cinq minutes ».

Charlotte Lazimi
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