Aquitains dans les médias – Jean-Claude Raspiengeas, un journalisme d’exigence


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 11/03/2009 PAR Charlotte Lazimi

Jean-Claude réalise assez jeune qu’il souhaite exercer le métier de journaliste. Né à Aiguillon en Lot-et-Garonne, il y reste jusqu’à l’âge de 15 ans. « J’ai fait Sciences po Bordeaux. Et je suis monté à Paris. Je n’y connaissais personne » se souvient-il. Fidèle auditeur de France Culture, Jean-Claude tente sa chance et appelle Jacques Paugam, producteur de sa radio préférée. « Je lui ai dit que j’aimais son émission et il m’a proposé de venir le voir lorsque je serai de passage ». Aussi tôt dit, aussi tôt fait. Jean-Claude cherche justement un boulot d’été. Il obtient donc un travail à la discothèque de Radio France. Chaque été, pendant sa scolarité à Sciences Po Bordeaux, il reprend ce petit boulot à Radio France. Le jeune homme a une idée en tête : entrer aux « Nouvelles littéraires », son magazine favori. «Je dois beaucoup à Maurice Achard. Ce fut pour moi une rencontre marquante» insiste Jean-Claude. La première fois que je le vois, nous parlons littérature pendant 1h. » Maurice Achard lui propose alors de faire la critique de trois romans pour la semaine suivante pour le fameux magazine. « Inutile de vous dire que pendant une semaine, j’arrête tout pour écrire ces critiques. » Jean-Claude est retenu et envoie ses critiques de Sciences Po Bordeaux, dont il redouble sa troisième année.

« Tu n’es pas fait pour faire ce métier »
A la fin de ses études, c’est sous la direction de Maurice Achard qu’il entame un stage aux « Nouvelles littéraires ». Au bout de deux mois, ce dernier lui annonce de but en blanc : « Tu n’es pas fait pour le métier ». Cet entretien agit comme un déclic. « Il me restait un mois de stage. Et, je réalise que je n’écris pas de manière journalistique. Aujourd’hui, je lui suis très reconnaissant » se rappelle Jean-Claude. En un mois, il lit, travaille son écriture. « J’avais envie que ça marche. J’ai ensuite été embauché ». Jean-Claude passe cinq ans aux Nouvelles littéraires, « une époque formidable. Nous nous amusions énormément » raconte-t-il enjoué. « Avec Jérôme Garcin, aujourd’hui animateur de l’émission de France Inter « Le masque et la plume », Pierre Combescot, depuis prix Goncourt, nous avions une liberté folle » ajoute-t-il. « Ce fut notre école de journalisme à nous ». Le journal appartient à Philipe Tesson et Jean-François Kahn dirige la rédaction. A la vente du magazine, Jean-Claude quitte le journal dans les mois qui suivent.

Privés de télé
Jean-Claude a un peu hésité entre presse écrite et télévision. Il réalise un reportage pour Taxi de Phillipe Alfonsi. « Son principe : pas un mot, pas de voix off, pas de commentaire. « Aujourd’hui, je ne peux regarder ni les infos ni « Envoyé Spécial ». Il y a beaucoup trop de commentaires. Normalement, lorsqu’on regarde un reportage, les images, leur succession doivent avoir un sens » insiste-t-il. Pour son premier documentaire, il réalise une expérience inédite : dans les années 85, priver de télévision une vingtaine de familles. « Nous en avions marre de lire des statistiques sur le nombre d’heures que passaient les gens devant la télévision » se remémore-t-il. L’expérience est assez exceptionnelle entre ceux qui abandonnent ou ceux qui trichent. « C’était vraiment incroyable se souvient-il. Les gens se sont redécouverts ». L’équipe veut d’ailleurs piéger les familles et leur proposer l’expérience à 6 mois. A leur grande surprise, seules trois familles sont contre !

Paroles d’otages
Son deuxième reportage s’intéresse à la question des otages, un thème qui le passionne dont il pourrait parler des heures durant. Jean-Claude enquête sur les otages libanais et s’intéresse particulièrement à l’histoire de Jean-Paul Kauffman. Il appartient au comité du journaliste, que dirige sa femme, Joëlle. Hasard du destin, lorsqu’on annonce à la famille la libération du père et du mari, il est présent, « un moment indescriptible ». Jean-Claude décide alors de prendre une année sabbatique pour un nouveau documentaire sur le retour des otages après leur libération. « Un otage a une situation très spécifique : le prisonnier ne sait pas pour combien de temps il est prisonnier. Et surtout, il croit qu’il va mourir à chaque instant » explique-t-il. Pour « Paroles d’otages, il interview Jean-Paul Kauffman, le baron Empain otage pendant 63 jours et un touriste hollandais pris en otage dans un train en Indonésie pendant 13 jours. Le documentaire obtient le Fipa d’or en 1989, le plus grand festival international des programmes audiovisuels.

De Télérama à La Croix
Télérama avait essayé de le débaucher, pendant ces années aux « Nouvelles littéraires », mais sans succès. Jean-Claude devient grand reporter pour Télérama et y reste 18 ans. « Pendant 14 ans, nous faisions le journal que nous avions envie de faire » se rappelle-t-il. En 2001, il réalise une biographie imposante de Bertrand Tavernier. « J’ai quitté Télérama l’année suivante. Un ami me parle de La Croix »; il en devient pourtant le chef du service Culture n’ayant jamais travaillé pour un quotidien. Aujourd’hui, il participe aussi à l’émission de France Inter « Le masque et la plume » de son ami et ancien collègue des Nouvelles littéraires, Jérome Garcin. « J’ai eu beaucoup de chance au cours de ma carrière » confie t-il modestement.

Charlotte Lazimi

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