Jean-Pierre Farandou, le président de la SNCF et Clément Beaune, le ministre des transports, se sont rendus début mars chez l’équipementier Texelis pour constater l’avancée de cet ambitieux et audacieux projet. Ambitieux d’abord car il promet de remettre des usagers sur les rails et audacieux car il permettra de décarboner ce mode de transport tout en l’amenant au plus près des usagers.
Avec plus de 9 000 km de petites lignes, la France offre un maillage territorial fin. Sur ce réseau, la SNCF, l’État, les Régions et les autorités organisatrices ont lancé un vaste chantier chiffré à 88,9 millions d’euros afin de proposer une nouvelle offre de transport ferroviaire grâce à des rames plus légères et moins énergivores. La mise en service est prévue à l’horizon 2029.
Deux millions de Français vivent aujourd’hui à moins de 15 minutes à pied d’une gare desservie par une ligne de desserte fine du territoire. Ce projet permettra de proposer une alternative au tout voiture et de lutter contre le réchauffement climatique, le train étant l’un des modes de transport les moins émetteurs de CO2.
L’objectif est de réduire les coûts totaux de 30 %
Un consortium d’entreprises françaises a été créé pour mettre au point les composants de cette rame. Il comprend Texelis, Thales, CAF, Faiveley Transport, Alstom, Railenium, Capgemini, Cerema, Ektacom Wabtec et le Ferrocampus à Saintes. « L’objectif est de réduire les coûts totaux de 30 %, annonce Laurent Garnier directeur management transports de Texelis. Nous sommes l’une des seules ETI (entreprise de taille intermédiaire, ndlr) partenaire de ce projet qui nous tient à coeur. Le but est de désenclaver les petites villes de province et les industriels qui s’y trouvent. On le vit tous les jours. Nous allons utiliser cette innovation pour la France et nous essaierons également de l’exporter. »
L’enjeu financier est important pour cette société qui va engager 10 millions d’euros pour concevoir la liaison au sol de ce train. « Nous allons remplacer des boggies (chariot situé sous un véhicule ferroviaire, sur lequel sont fixés les essieux, ndlr) de 6 tonnes par un essieu de 2 à 3 tonnes. Le but est d’alléger le système pour être plus économique, de consommer moins de matières premières et d’intégrer dès la conception la maintenabilité du système. C’est notre marque de fabrique pour les pièces que nous fournissons au secteur de la défense, car il faut que ce soit rentable sur 20 ou 30 ans d’exploitation en réduisant les coûts de maintenance. »
Un train moins lourd consommera moins d’énergie et endommagera moins les voies. Le projet vise à mettre plus de trains sur les petites lignes. Avec au moins deux fois plus de rames, les fréquences augmenteront et les usagers abandonneront plus volontiers leur voiture pour les trajets du quotidien. En changeant son modèle économique et en diminuant ses coûts de maintenance, la SNCF compte « créer un choc d’offre » résume-t-il.
« Entre 300 et 700 rames »
Une dizaine de collaborateurs du bureau d’études et au service achats sont mobilisés pour la phase de R&D. « Un premier concept est à l’étude mais nous travaillons sur trois ou quatre pour trouver la solution la plus optimale d’ici à deux ans, précise-t-il. En fin d’année, l’un d’eux sera retenu pour réaliser un prototype. Il nous restera encore quatre ans pour l’industrialiser et faire les essais en partenariat avec Ferrocampus. » Une dizaine d’opérateurs seront chargés de l’usinage et de l’assemblage des pièces.
Le nombre de trains n’est pas encore arrêté mais « On vise 300 à 400 en fourchette basse et si ça monte à 700, ce sera tant mieux ! Cela va nous ouvrir les portes de l’export, nous avons déjà des contacts informels avec la Grande-Bretagne et la Belgique. » Ce train sera alimenté par un moteur électrique, avec des batteries ayant une autonomie de 200 à 300 km rechargeables dans chaque gare. Sa vitesse sera limitée à 100-120 km/h et il sera possible d’embarquer son vélo pour finir le trajet jusqu’à son lieu de travail.
Texelis réalise plus de 50 % de son chiffre d’affaires à l’international. L’effectif est de 350 salariés pour un chiffre d’affaires de 75 millions d’euros en 2022 et un prévisionnel de 90 millions d’euros cette année.
Un commentaire
Très intéressant ! J’espère que la ligne Châteauroux-Tours sera concernée !