Anglet et Ansbach ont célébré ensemble le centenaire de Verdun


F.D.

Anglet et Ansbach ont célébré ensemble le centenaire de Verdun

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 28/05/2016 PAR Felix Dufour

Voilà le cimetière américain de Romagne-sous-Montfaucon. C’est le plus vaste de cette vallée de l’Argonne: 14 246 croix immaculées  sont disposées en carrés au flanc d’une douce colline, séparées par de vastes allées bordées de peupliers. « Regarde, c’est trop con, il est mort le 11 novembre 1918! », lance spontanément un collégien d’Endarra. Par petits groupes, ils découvrent des noms et des dates, des dates et des noms. Il y a même un Harry Potter du Missouri, mort aussi en 1918, qui attire leurs sourires. Des noms à consonance allemande, des juifs. Chaque heure, un carillon égrène l’hymne américain.
 Changement de décors quelques kilomètres plus loin au cimetière de Casenvoye. Dans ce lieu plus modeste, reposent 11083 Allemands, 1 Russe, 62 Autrichiens. Émotion et gravité pour Josef Pelzer, Christoph Harsch, et Carola Eigenberger, les profs allemands suivis des ados en rang ordonné -une caractéristique différentielle de leurs amis français – recherchent entre autres un compatriote de la périphérie d’Ansbach., Joseph Deininger Hornst. Christophe, le prof de français en profite pour évoquer une petite page d’histoire. En ce 23 septembre 1984 quand François Mitterrand et Helmut Khol se sont retrouvés dans ce cimetière au pied devant une plaque de bronze sur laquelle était inscrit le nom de l’oncle du chancelier. C’est le lendemain, au cimetière de Douaumont, que sera immortalisé le geste et symbolique fraternel des deux hommes d’Etat. Christoph le prof allemand de français s’agace. « J’ai constaté que sur tous les monuments qui évoquent cette rencontre, il manque systématiquement la cédille au C de François. »

« On est tous égaux devant la mort » remarque une jeune Allemande

La visite silencieuse se poursuit..Jusqu’à trois noms sur une croix sombre qui contraste avec celles de l’oncle Sam.. Parfois inscrit « umbekantet ». Inconnu.  « On est tous égaux devant la mort », remarque une jeune Allemande. Cette guerre aura été bien inutile…. » Une parenthèse ensuite au Centre mondial de la paix où les collégiens, pour une visite retraçant cette désastreuse bataille de Verdun qui dura dix mois d’enfer du 21 février au 19 décembre 1916 et fit 300 000 morts (163 000 poilus français et 143 000 allemands et…500 000 blessés. Avec un questionnaire sur leurs observations…
Le lendemain c’est retour sur le futur avec la visite des forts de Vaux et de Douaumont, sur terrain. « C’est quoi tous ces

Voyage à Verdun

 monts? » interroge l’un d’eux? « Le relief des milliers d’obus qui se sont abattus sur ces lieux « , répond un guide. Un autre remarque à l’entrée du fort, cette plaque à la gloire du pigeon Vaillant le dernier pigeon du fort pour communiquer sur le front qui fut lâché en 1916 pour apporter un message au commandant Raynal à Verdun. « Quoi des pigeons? »

Il est vrai qu’à l’heure d’internet, ce moyen de communication pour les Geek semble dater de l’antiquité….
A Vaux, comme à Douaumont, Allemands et Français « partageront » le calvaire de cette génération perdue, où jusque 3000 soldats se sont entassés dans des souterrains seulement éclairés à la bougie, sous le fracas des obus (22 000 en 22 heures à Vaux!) et les odeurs pestilentielles par manque d’hygiène et d’effluves de gaz mortel Le résultat de cette sale guerre sautera véritablement à la gueule des ados, en regardant tout le long de l’austère ossuaire, à travers de petites des milliers et des milliers d’ossements de soldats inconnus français et allemands. « Ils sont entassés comme des objets, ça

Fort de Vaux

fait mal lance un jeune Allemand. Du village il ne reste qu’une borne qui rappelle la mairie…….
Oui, un voyage dense en émotion et en visite, remarquablement élaboré par Lucile Labone, professeur documentaliste avec Marie Bobe, professeur d’histoire-géographie, Sandra Akkouche, professeur de mathématiques, responsable du club photo; Julie Minard, assistante d’éducation mais aussi pour le Lycée Platen-Gymnasium d’Ansbach : Josef Pelczer, professeur d’histoire et d’allemand; Christoph Harsch, professeur de français et anglais;  Carola Eigenberger, professeur de musique. « Je pense que c’est sur le terrain qu’ils ont vraiment compris la vie, le calvaire de ces soldats, commente Lucile. Leurs conditions de vie, leur combat sous 8000 bombes qui sont tombés sur le fort de Vaux et l’ossuaire de Doaumont. »
Comme une leçon d’espoir. Les relations difficiles en raison de la différence de la langue qui se sont établies au début du séjour se sont effacées après trois jours. Le partage, cent ans après d’une page d’Histoire de chacun de leur pays La mort et la souffrance ne choisissaient pas leur uniforme dans ces tranchées. 

Le lendemain, c’était direction Strasbourg, une des capitales européennes. Mais c’est une autre histoire, bien plus contemporaine. Un aujourd’hui pour oublier les horreurs d’hier.

 

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Nouvelle-Aquitaine
À lire ! CULTURE > Nos derniers articles