6 mois de prison et 15 000 euros d’amende requis pour les chasseurs de scoop


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6 mois de prison et 15 000 euros d'amende requis pour les chasseurs de scoop

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 04/06/2014 PAR Felix Dufour

Nul n’oubliera cette matinée du 5 février 2014 quand le cargo Luno s’est échoué contre un épis du nord du littoral d’Anglet, après avoir subi une avarie alors qu’il s’apprêtait à entrer dans le port de Bayonne, par l’embouchure de l’Adour. L’accident a été spontanément suivi d’une fièvre exceptionelle sur les réseaux sociaux mais aussi sur les chaines de télé d’info continue. C’était Alerte info permanente en cette journée.

Une aubaine pour deux jeunes gens qui venaient d’investir 15 000 euros dans un drone, le nouvel espion venu du ciel. Le premier est ingénieur à l’ESTIA de Bidart, la pépinière des petits génies de l’informatique et le second un jeune entrepreneur bayonnais qui s’est spécialisé dans l’audiovisuel et vient d’acquérir un drone profesionnel.  Aussi la mariée est trop belle quand ils sont informés de l’exceptionelle concentration de journalistes à la Barre… Mais voilà, leur voyage s’est terminé à une autre barre, celle du tribunal de Bayonne. En effet, le capitaine Bougault qui pilotait le Puma pour récupérer les douze membres d’équipage signale l’existence de cet engin à une quinzaine de mètres de l’épave du bateau. Après que l’hélicoptère de la gendarmerie ait renoncé en raison des bourrasques de vent et de pluie qui se succèdent sur les lieux du naufrage, le temps presse. Or la présence de cet appareil retarde son decollage de plus de deux minutes: percuter de drone pourrait causer un crash de l’hélicoptère avec le risque de s’écraser sur la foule, contenue par les CRS et gendarmes, qui s’est agglutinée à quelques quarante mètres de la digue où s’est produit le naufrage. « J’ai vu le drone à une dizaine de mètres du cercle rotor », a-t-il rappelé hier en soulignant les difficultés et les risques des manoeuvres d’hélitreuillage par les seules conditions météorologiques. En cette fin de matinée, la foule a applaudi la réussite du sauvetage sans connaître le fond de l’histoire…
Un jugement basé sur l’exemplaritéLes jeunes gens n’auront pas la même appréciation en rappelant qu’ils avaient informé des gendarmes alentour de leurs manoeuvres « sans jamais traverser le chemin de l’hélicoptère. On a demandé aux forces de l’ordre où l’on pouvait s’installer tente l’un d’eux. » « Il y avait d’autres drones dans le secteur » tenta aussi de minimiser Me Diallo chargé de leur défense. En rappelant que les images de deux autres drones ont rapidement circulé aussi sur internet et que certaines considérations relevaient du fantasme.

Toutefois la multiplication des drones conduit, même s’il s’en défend, le Parquet à l’exemplarité dans le jugement. « Il ne s’agit pas de faire un exemple mais cette affaire est inédite…. » Et, sous entendu, pourrait se renouveller malgré une règlementation complexe de l’usage des drones. Le Parquet a donc requis six mois de prison avec sursis pour  mise en danger d’autrui et surtout interdiction pendant un an de piloter assorti de la suppression du matériel. Le jugement a été mis en délibéré au 4 juillet… La chasse au scoop se sera mal terminée pour les deux jeunes gens dont la petite entreprise aura par la même occasion pris du plomb dans l’aile. Moralité, la chasse aux peoples n’est-elle pas finalement moins risquée et tout aussi lucrative?

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