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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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02/06/2023

À l’escalade de la violence, l’Etat tient l’échelle

Sous la pression de sa famille effrayée par le climat d’insécurité qui l’entoure -on a quand même mis le feu à sa maison !- un maire abandonne son écharpe tricolore, en plein mandat. Ça se passe à Saint-Brévin en Loire-Atlantique. Mais à être bien attentif, on découvre que d’autres élus à travers les territoires doivent faire face à d’insupportables agressions violentes.

Et si Yannick Morez, maire de Saint-Brévin, lâche Marianne, c’est à cause de militants d’extrême droite qui s’en prennent à son intégrité et celle de sa famille. Mais il pointe surtout du doigt l’absence de soutien des services de l’Etat pour faire face aux difficultés rencontrées dans sa commune où l’implantation d’un centre d’accueil pour réfugiés fait polémique. Accueillir des réfugiés dans des conditions décentes rend pourtant grand service à la collectivité nationale et n’apporte aucun bénéfice politique localement. On n’a jamais vu un maire réélu pour avoir hébergé des populations précaires.

Depuis plusieurs années, les congrès des différentes associations d’élus mettent en exergue le malaise qui mine ces élus de territoire. Contraints d’appliquer des règles difficiles, toujours à la chasse aux financements, et maintenant fantassins isolés face à un climat violent dont ils ne portent pas la responsabilité.  

Ce qui est en cause ici c’est la défiance vis-à-vis d’une autorité, d’un pouvoir dont la légitimité n’est pas reconnue. De la même façon qu’on agresse un soignant dans un service d’urgence ou qu’on injurie un enseignant de l’école de ses enfants. Cette violence sourde qui gagne du terrain est à mettre en relation avec la possibilité de se défouler sur les réseaux sociaux, de dire absolument tout et de préférence n’importe quoi, sans rien montrer de son identité et donc sans aucune forme de dialogue possible.  

Mais cette ambiance délétère gagne aussi les hautes sphères. Le passage en force de réformes contre la volonté d’une majorité, ne témoigne pas d’une capacité à assumer, mais d’une stratégie d’entêtement et de violence récurrente. La prochaine journée de mobilisation, le mardi 6 juin va encore le démontrer. Et que dire des musiciens improvisés avec penchant pour la casserolade, qui se font quasi systématiquement chargés par les forces de l’ordre comme jeudi à Millau où l’on n’avait jamais vu ça, de mémoire d’Aveyronnais.

La violence ne légitime l’autorité que dans les systèmes totalitaires. Le respect, l’écoute et le dialogue, la construction collective et la recherche du compromis sont les ingrédients qui mènent plus sûrement à la reconnaissance d’un pouvoir respectable et d’une autorité reconnue. Puisse la prochaine journée d’action de mardi faire redescendre de quelques barreaux l’escalade entre violence sociale et violence d’Etat.  

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