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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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10/10/2010

Une réforme pour rassurer les marchés

Autant dire que la « rue » n'aura pas la partie facile en lançant des grèves, qui, notamment dans les transports publics, ne tarderont pas à être impopulaires. Est-ce à dire que cette si fameuse réforme des retraites destinée à « sauver le régime par répartition » ne laissera pas de traces profondes au cœur même de la société ?
Soyons assurés, au contraire, qu'elle aura un impact considérable, surtout lorsque l'on s'apercevra que son financement n'est absolument pas assuré comme le rappelait, ces jours-ci, le président de la commission des finances de l'Assemblée nationale et maire de Villeneuve-sur-Lot, Jérôme Cahuzac. Il faudra, en effet, sauf miracle et retour à une forte croissance, improbable, recourir à l'emprunt pour ajouter aux cotisations des actifs qui seront de plus en plus lourdes. Voilà ce qui fait dire à beaucoup, et pas spécialement des électeurs de gauche, que cette réforme promet d'être injuste, sans compter qu'elle est en partie contradictoire avec l'objectif général affiché de désendettement du pays.
Qu'importe, il s'agissait d'envoyer un signal « fort » aux marchés pour éviter à la France de vivre une humiliation à la mode hellène. C'est fait mais ça ne garantit pas, pour autant, que nous échappions à de fortes pressions. Dans cette économie de plus en plus mondialisée la marge de manœuvre des états démocratiques se réduit chaque jour davantage. Il n'est qu'observer le géant chinois dont les réserves sont immenses pour s'en convaincre et prendre la mesure de notre impuissance. D'un côté, il finance le déficit américain ; de l'autre, il joue avec le yuan pour soutenir en permanence sa croissance.
Alors que faire ? Obéir aux marchés et soumettre nos peuples à leur loi implacable ? L'enjeu de ce dilemme est au cœur de l'avenir de nos sociétés. La situation très alarmante de l'Irlande dont les finances sont au bord de la rupture, où la population est soumise à une sévère cure d'austérité, doit nous alerter tous. Et nous convaincre qu'en ces temps difficiles, où le sous-emploi frappe une génération entière de jeunes, la solidarité doit être une exigence cardinale. Pourquoi avoir attendu pour supprimer le bouclier fiscal et créer une tranche d'imposition supplémentaire, sinon parce que cela déplaisait au candidat-président ? Même une bonne partie des députés UMP y étaient prêts... A moins qu'on ne veuille absolument continuer de croire que cette idéologie de l'argent roi nous donne les meilleures chances de rebond, ce qui est une erreur. Le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz (1) qui s'est livré à une critique radicale du système bancaire sauvé par les états s'alarme, de plus en plus, des risques d'une nouvelle grande dépression. Il faudrait en Europe écouter sa parole et éviter de continuer à accabler les peuples en protégeant les puissants.

Joël Aubert

1.Le triomphe de la cupidité

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