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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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24/04/2010

Une loi contre le voile intégral: l’urgence était-elle si nécessaire?

En effet, tous les ingrédients sont réunis pour qu'il en soit ainsi. D'abord, cette décision absolument politique et politicienne qui consiste à légiférer dans l'urgence et même semble-t-il, ce qui est un comble, sans l'assentiment véritable des présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat. Ensuite,la vox populi validée par quelque rapide sondage dont il n'était pas difficile d'imaginer le résultat, comme si les Français étaient préparés à croiser sereinement des femmes portant le voile intégral. Enfin, un banal fait divers survenant à point nommé pour mettre en évidence le danger que celui-ci représente pour une personne au volant d'une voiture. Cela se passait à Nantes, la jeune femme était « bien de chez nous » entourée d'un mari dont le ministère de l'intérieur a eu tôt fait de découvrir qu'il était polygame et que « ses » femmes touchaient les allocations de parent isolé.
Ce simple rappel pour suggérer que si la question du voile intégral mérite l'attention de tous les républicains et de ceux qui croient aux valeurs de l'humanisme, au respect de la personne, une loi risque plutôt d'encouragerles extrémistes dans leur combat pour la « pureté ».Ces radicaux qui, par ailleurs, menacent un imam qui plaide dans sa mosquée pour un islam modéré aux couleurs de la France et instrumentalisent leurs femmes, quoi qu'elles en disent. Ces salafistes qui se veulent une avant garde et nient l'égalité des sexes chère aux démocraties occidentales.
La loi serait donc la seule parade contre ces débordements ? Faut-il rappeler qu'il en existe déjà une, votée en 2004 et, qu'au nom de la laïcité, elle encadre le « port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics ». A-t-elle fondamentalement changé les choses ? Ses partisans rappellent qu'elle a simplement donné un cadre aux enseignants pour s'opposer aux excès et au risque de prosélytisme. En serait-il de même pour les femmes intégralement voilées et circulant dans l'espace public ? On peut en douter et surtout imaginer les difficultés d'application de pareille loi. Dans la rue, les transports publics, à l'hôpital...

Que faire alors ? Laisser faire et nier le phénomène au prétexte qu'il est marginal et prendre exemple sur nos voisins britanniques et leur tradition démocratique, eux qui ne veulent absolument pas entendre parler de loi ? Rappelons au passage que leConseil d'Etat a mis en garde le gouvernement contre les risques juridiques encourus et que la jurisprudence constante de la Cour européenne des Droits de l'Homme reconnaît à chaque citoyen la liberté individuelle la plus large, y compris sur la manière de se vêtir. Il serait sans doute plus judicieux, plutôt que de stigmatiser des femmes souvent manipulées, de continuer à veiller sur les agissements de ces croisés de l'islam, d'encourager une pédagogie active auprès des jeunes filles dans le cadre de l'Education nationale, de faire confiance aux associations qui sont attentives au sort fait aux femmes.  Et de soutenir, sans arrière-pensée, l'islam qui veut vivre en paix au sein de la société française et de la république.

Joël Aubert

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