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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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10/06/2012

Une abstention record qui appelle des changements …

N'empêche, le décalage grandit, le fossé se creuse entre ce qu'il faut bien appeler la présidentialisation du régime que ne fait qu'accentuer le quinquennat, et la représentation nationale, celle des territoires qui historiquement ont envoyé à l'Assemblée nationale leurs députés. Celles et ceux qui, non seulement ont la charge, concurremment avec le Sénat, de faire les lois mais aussi de porter les couleurs d'un pays au sein de l'hémicycle. Il va bien falloir songer à revaloriser le rôle du député pour la bonne marche de notre démocratie si l'on ne veut, scrutin après scrutin, constater de pareilles érosions. Un défi qui concerne, d'ailleurs au premier chef, ces élus de la République qui doivent s'interroger sur la façon dont ils exercent leur mandat et dont ils en rendent compte. Une interrogation aussi sur la manière dont le pouvoir éxécutif, le chef de l'Etat et le premier ministre considèrent le travail et les initiatives du Parlement. Une tentative avait été entreprise sous le quinquennat Sarkozy; il faut aller beaucoup plus loin surtout quand on considère que nombre de problèmes qui touchent la société française doivent être débattus avec le souci de rechercher des majorités parfois plus larges que celle qui ressortit au score du président de la République. Le moment est venu, aussi, de faire plus que d'évoquer, le temps d'une campagne présidentielle, la possibilité d'instiller une dose de proportionnelle dans les élections législatives. Nous ne sommes plus aux temps premiers de la V° République, celui où le pouvoir gaulliste, pour guérir à jamais le pays de l'instabilité ministérielle, avait bétonné le scrutin majoritaire. Voudrait-on trouver la preuve de cette nécessité d'inclure une part de proportionnelle dans le scrutin législatif qu'on la trouverait dans les résultats de ce premier tour?... Avec près de 18% des voix à la présidentielle, le Front National peut cette fois encore ne pas avoir droit au chapître au sein de l'Assemblée. Imaginons demain l'effet produit et les conséquences d'une représentation du FN  qui serait réduite à la seule présence de Marine Le Pen et Gilbert Collard au Palais Bourbon. Bonjour la victimisation. Evidemment ce qui vaut pour le FN vaut aussi pour l'autre Front, Europe Ecologie les Verts, ou le Modem cher à un François Bayrou en difficulté, qui court le risque de se voir exclu du jeu parlementaire.

En attendant le réveil général que ce score appelle, notons que la gauche socialiste s'en sort plutôt bien dans un contexte où une certaine décompression pouvait la menacer après l'euphorie du succès de François Hollande. Les nouveaux ministres bénéficient, en général, de l'effet dopant du maroquin - on pense à Stéphane Le Foll ou Aurélie Filippetti - tandis que les élus locaux, dominants dans leur fief, retrouvent leur siège dès le premier tour, comme Alain Rousset en Gironde, Henri Emmanuelli dans les Landes, Germinal Peiro et Colette Langlade en Dordogne ou Philippe Habib dans les Pyrénées-Atlantiques. Pour autant la résistance globale de l'UMP est indiscutable et prolonge de façon assez logique celle du candidat Sarkozy. Les deux camps principaux vont naturellement appeler à une forte mobilisation pour dimanche prochain, le PS pour être assuré de décrocher une majorité suffisante et l'UMP pour obtenir une représentation qui lui permette de jouer pleinement son rôle d'opposition. Au lendemain de six mois de campagnes non stop qui ont sans doute fini par le lasser le pays pourra renouer avec la rudesse des réalités qui l'attendent.

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