Terrorisme: le tandem Sarkozy-Kouchner a pris des risques

Certes, en l'attente d'informations plus précises et de vérifications par le gouvernement mauritanien qui, conscient notamment des enjeux touristiques et économiques de l'assasinat des Français, semble ne pas ménager ses efforts pour établir les circonstances du drame et ses responsables, il convient d'être prudent. Mais, hélas, si la piste Al-Qaîda au Maghreb devait se confirmer, il n' y aurait pas lieu d'en être trop surpris. Depuis sept mois que le tandem Sarkozy-Kouchner est aux commandes de notre diplomatie, la France a choisi son camp. Et, même, si à quelques nuances près ce n'est pas exactement celui de l'Amérique, il ne peut être vécu, par le terrorisme islamique, que comme un alignement sur la poltique des Etats-Unis.

D'abord, il y eût les rencontres empressées avec Bush qui ne devaient pas toutes au plaisir de manger quelques hamburgers, au coeur des vacances. Ensuite, survinrent les déclarations maladroites de Bernard Kouchner pointant l'Iran et le risque de guerre. Ce ne sont pas les mises au point successives qui ont pu modifier l'impression que la France, en politique étrangère aussi, avait choisi la"rupture". Non plus, d'ailleurs , que la visite éclair de Nicolas Sarkozy à Kaboul. Qu'il soitvenu soutenir le contingent français se comprend mais qu'il en ait profité, ostensiblement,pour affirmer que la bataille contre le terrorisme ne saurait être perdue en Afghanistan, il y a un pas que son prédécesseur n'aurait pas franchi. En tout cas, pas en pareille circonstance. Et c'est bien cela qui inquiète dans l'attitude actuelle, cet empressement égotiste à déclamer la doctrine française de la foi. Un côté " le bien contre le mal" qui nous rappelle, beaucoup trop, la croisade et rompt avec la fermeté maîtrisée d'un Chirac. Qu'est-il besoin d'aller en rajouter? La France a mieux à faire et elle l'a prouvé, voilà peu, en accueillant la conférence sur les moyens à octroyer à la Palestine. On aimerait, par exemple, qu'un Kouchner, en rentrant d'Egypte se rende à Gaza pour y montrer que la France est solidaire d'un peuple qui paie au prix fort son soutien, d'ailleurs de plus en plus relatif, au Hamas.

Joël Aubert