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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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15/08/2010

Sécurité: les risques de la surenchère

Pendant qu'il pédale en famille, sa garde rapprochée ne sait que dire pour retenir l'attention avec ce débat sur la sécurité qui vaut, désormais, à notre pays, les vertes critiques des commissions onusiennes. Le dernier en date des agitateurs, Christian Estrosi, le maire de Nice, monte au créneau et propose de condamner le maires qui n'en font pas assez contre la délinquance et n'appliquent pas, avec zèle, la loi dite de prévention de 2007. Cette emphase, ces débordements verbaux, rehaussés par quelques sondages, commandés fort à propos, n'honorent pas notre pays. Ils viennent d'être pointés du doigt, au nom de l'épiscopat français, par Mgr Centène, évêque de Vannes, et valent au pouvoir un éditorial de François Régis Hutin directeur de Ouest France qui invite à plus de modération et souligne les dangers de la stigmatisation. Alain Juppé, une nouvelle fois, croit utile, de son côté,  d'appeler à un effort de prévention en se démarquant du discours élyséen. On sait  les raisons qui poussent les sarkozystes à faire feu de tout bois pour retrouver les faveurs d'un électorat, gagné le temps d'une campagne présidentielle et qui, depuis, a regagné son camp de base, du côté des Le Pen. François Mitterrand, naguère, s'était servi du repoussoir Front National pour compliquer la tâche de la droite républicaine. Nicolas Sarkozy entend user de l'argument sécuritaire pour montrer que demain, c'est à dire en 2012, il sera seul en mesure de régler les problèmes face à une gauche qui, à ses yeux, reste naïve ou angélique. Cette stratégie présente un inconvénient majeur parce qu'elle attise les tensions plutôt qu'elle ne les apaise. En l'occurrence, l'efficacité de la répression contre la délinquance suppose un travail, aussi patient que nécessaire, mais n'appelle une communication qu'au vu des résultats obtenus. Nous sommes, aujourd'hui, dans un schéma inverse qui ne donne guère de résultats mais a l'inconvénient d'exposer les forces de l'ordre à des réactions violentes et souvent organisées. Celles-ci deviennent plus nombreuses; c'est un signe inquiétant. A trop en dire, on risque de connaître de nouvelles flambées et de diviser le corps social qui a besoin de retrouver un peu de confiance et de sérénité pour se remettre dans le sens de la marche, au lieu d'être conforté dans sa vision pessimiste de l'avenir.

Joël  Aubert

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