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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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14/09/2007

Sarkozy: Et maintenant à moi l’Europe

A peine élu, Nicolas Sarkozy s'était fait le commis voyageur d'un traité constitutionnel simplifié après le non des Français et des Hollandais au référendum. Il n'en fallut pas plus pour qu'il se présente comme le sauveur de l'Europe et proclame que la France y était de "retour". S'en suivit une "vuelta" d'honneur saluée, même à gauche, où, il est vrai, on ne savait trop comment reprendre le chantier en panne. Depuis quelques semaines, le sauveur se sent pousser des ailes, y compris dans les avions officiels dont on sait, et notamment depuis que Lionel Jospin avait lors d'un voyage à La Réunion, prématurément enterré Jacques Chirac, qu'ils sont propices aux confidences. Donc, le président, dans les airs, entre la patrie de son père, la Hongrie et Paris, a fustigé les technocrates bruxellois, épinglant au passage le très francophile Jean-Claude Juncker, le premier ministre luxembourgeois, pour son excès d'orthodoxie dans la vision de la politique économique de l'Union. Au même moment, Christine Lagarde, tentait de faire face, plutôt difficilement, à Porto, à ses collègues européens de l'économie qui voient, d'un très mauvais oeil, le calendrier que la France présente pour réduire ses déficits et respecter le pacte de stabilité. Quel horizon 2010, 2012?. De tout cela, Sarkozy n'en a cure et, à la stupéfaction générale des gouvernements, il annonce vouloir une croissance économique de 3%, alors que la France ne parvient pas à faire mieux que 1,8 à 1,9 %. Propos "en l'air" ironise Juncker. Le président affectionnerait, lui-aussi, la méthode Coué et cela n'aurait rien de surprenant car il a déjà tenu un joli lot de promesses

Aux sceptiques, il donne rendez-vous, ce 18 septembre, pour annoncer les réformes de structures, régimes de retaites en tête. Son schéma est donc le suivant: je défends l'équité dans l'Hexagone, je crée ainsi les conditions d'un redémarrage de la croissance, je donne des gages aux voisins européens, l'Allemagne en premier lieu, et je fais les dépenses qui me plaisent. Sacré défi quand on compare les résultats de notre économie à ceux des Allemands; le déficit abyssal de nos échanges commerciaux tandis qu'ils battent, eux, des records. Si le président accepte de se mettre pareille pression, de placer notre pays sous les feux de la rampe européenne, c'est, aussi, en pensant que la France aura pour six mois, l'an prochain, la présidence de l'Union et qu'elle devra en profiter pour bousculer les tables dela loi. L'Allemagne, malgré l'empressement d'ailleurs relatif d'Angela Merkel, n'acceptera pas, de sang froid, de renoncer à l'orthodoxie budgétaire, elle, qui craint l'inflation comme la peste. Et on voudrait bien savoir comment Nicolas Sarkozy va s'y prendre, lui qui a promis aux agriculteurs de relancer la préférence communautaire, pour que l'Europe défende mieux ses productions alors que nombre de ses membres, l'Espagne notamment, ont épousé à plein la logique du marché mondial. Sarkozy l'Européen sera bientôt au pied du mur. Les Français, on l'aura compris, n'ont donc qu'à bien se tenir pour qu'il donne un sens à ses ambitions.

Joël Aubert

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