Rigueur quand tu nous tiens…

Cet engagement indiquait déjà combien l'inquiétude du pouvoir était grande face aux risques encourus par un pays qui a plus que doublé sa dette en deux ans : le nôtre.
Le sommet de Bruxelles de ce week-end et la décision, prise en urgence, demettre en place un plan de défense axé sur la garantie financière de l'Union à tout pays attaqué révèle le degré d'inquiétude des chefs d'Etat , de gouvernement et de la Commission. L'Europe serre les rangs sous la contrainte des marchés et s'aperçoit, du même coup, qu'il lui faut plus qu'une crise, une menace sérieuse sur le seul outil commun (ou presque) dont elle dispose, la monnaie, pour avoir une approche politique commune. Car ce ne sont pas ses institutions et une présidence issue du traité de Lisbonne, sorte de plus petit dénominateur commun, qui lui autorise de parler d'une voix forte. L'Europe reste un nain politique qui appelle le FMI, le Fonds Monétaire International, au secours quand le navire grec s'enfonce dans la mer Egée.
Nicolas Sarkozy à la recherche d'un rebond hexagonal s'est dit qu'il allait jouer de nouveau de l'Europe pour affirmer une dimension que son propre pays ne lui reconnaît pas. Ecoutons le discours de ces prochaines heures et jours pour s'en convaincre un peu plus. Encore faudrait-il pour qu'il soit cru chez lui qu'il commence par montrer l'exemple. Personnellement, par une frugalité dans les dépenses de l'Elysée, par celle que tout le gouvernement devrait s'imposer, par le renoncement à cet entêtement idéologique consistant à maintenir un bouclier fiscal qui, au-delà de quelques centaines de millions d'euros, est une insulte à l'autre France, celle qui s'enfonce dans la misère, sociale et morale. Par le renoncement à des réformes politiciennes qui conjuguées à l'austérité de l'Etat vont aggraver les inégalités. On pense à cette réforme territoriale qui va couper les ailes aux collectivités avec lesquelles il suffirait de rediscuter du bon usage de leurs compétences...
La rigueur ce doit être aussi, dans pareil contexte, la lucidité au service de l'intérêt général.

Joël Aubert