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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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31/01/2010

Régionales de mars: la réforme des collectivités et son possible effet boomerang

Non point que la politisation fasse défaut au fur et à mesure que s'approche l'échéance électorale dont le premier rendez vous n'est plus désormais que dans six semaines. Mais parce que le débat semble surtout profiter à l'opposition.Trois raisons à cela.

D'abord, l'UMP a quelque mal à corriger son erreur initiale de stratégie ; à trop vouloir faire de ce scrutin, dont la dimension locale et régionale est naturelle, un rendez vous à haute valeur d'enseignement général, elle l'aborde en situation d'infériorité. Les sortants, tous socialistes ou presque ont l'avantage du terrain, connaissent les dossiers et les hommes et exercent leurs responsabilités depuis assez longtemps pour avoir, bien au-delà des clivages politiques, montré que la décentralisation pouvait être efficace. Amélioration des transports, soutien aux entreprises innovantes, adaptation de la formation aux besoins des chômeurs, logement étudiant... les exemples ne manquent pas de programmes utiles et reconnus comme tels. Le face à face qui a opposé Alain Rousset président du Conseil Régional d'Aquitaine et Xavier Darcos à l'IEP de Bordeaux, a révélé qu'il était difficile de nier tout cela pour un ministre, dont la bonne foi ne saurait être aisément remise en cause. La leçon de ce genre de situations est évidente à tirer : politique politicienne ou non, l'élection régionale doit être menée à partir de la réalité vécue, chaque jour, au plus près de la société.
Conséquence de l'approche initiale de l'Elysée que Nicolas Sarkozy a d'ailleurs corrigée sur TF1, en tentant de ne nous faire croire qu'il ne s'impliquerait pas dans cette élection : l'UMP et ses alliés l'abordent en mauvais état de marche au grand dam, parfois, de militants qui ne s'y retrouvent plus. Ceux-ci voient bien que les ministres, d'abord sommés de monter en première ligne, n'y vont pas la fleur au fusil ! Ils doivent potasser leurs dossiers régionaux comme Xavier Darcos l'a reconnu avec honnêteté et ont donc, au moins un temps de retard, par rapport aux présidents en place. Le bouclage des listes de la majorité présidentielle s'est fait ce 30 janvier à Paris dans la douleur et la grogne, les alliés de l'UMP voulus par Nicolas Sarkozy, Nouveau Centre, MPF et compagnie, prenant des places convoitées.

La troisième raison, et non des moindres, qui explique les difficultés de la droite découle de cette réforme des collectivités territoriales en débat au Sénat. Voulue officiellement pour des raisons de simplification et d'économie, elle est devenue un formidable thème de campagne pour la gauche qui fait plus que crier au scandale. En démontrant, ici et là, ce que « la casse des départements et régions » risque de produire comme effets sur la vie quotidienne, la vie associative, la démocratie de proximité, elle réveille un électorat qui ne se sentait pas forcément très mobilisé par ces élections régionales. Il est fort probable que la réforme territoriale ait pour la majorité un effet boomerang, le paradoxe étant qu'elle fortifie une identité régionale que l'Etat jacobin, cher à Edouard Balladur, voulait empêcher de continuer à s'émanciper.

Joël Aubert

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