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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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15/10/2009

Quand le syndicalisme agricole manifeste, vent debout, contre Nicolas Sarkozy

Rien de tel avec l'élu de Neuilly qui n'a pas connu le bonheur de ces rudes serrements de "pogne", à l'occasion des comices agricoles ou des visites de stabulations modèles qui ne sauraient se dérouler, sans quelque faveur présidentielle accordée à la belle limousine, reine du troupeau. Balivernes? Comme si l'avenir d'un grand secteur de l'économie était réductible au rappel de ces images d'un autre temps... En tout cas, il y a a bien longtemps, et sans doute plus de vingt ans, depuis le ministère Cresson, que le syndicalisme agricole ne s'était senti aussi délaissé par le sommet du pouvoir éxécutif. Les affiches qui, partout, accompagnent les manifestations de ce 16 octobre sont assez explicites : Nicolas Sarkozy est directement mis en cause et appelé à répondre aux demandes de la FNSEA et du CNJA qui ont, en effet de bonnes raisons de sonner le tocsin: le revenu agricole de cette année s'annonce dans nombre de productions en forte baisse, et pas seulement à cause de la crise. Le secteur des fruits et légumes est désavantagé par des coûts de production plus élevés que dans le reste de l'Europe, le lait est souvent vendu à perte, la production céréalière estde plus en plus concurrencée...A vrai dire, l'agriculture française est, en effet, de plus en plus soumise au changement de cap de la politique européenne. Dans trois ans, la PAC est menacée de quasi-disparition. Le grand vent du marché mondial balaie des productions que l'Europe soutient de moins en moins, au risque parfois de contredire les objectifs initiaux de l'Europe verte, c'est à dire assurer la sécurité alimentaire du Vieux continent. Prenez les Suédois, actuels présidents de l'Union; ils n'ont que faire de nos producteurs laitiers du Sud Ouest qui défendent pourtant des valeurs qui vont bien au-delà de la productivité d'un troupeau. La crise du lait a marqué une fracture entre la méthode employée par la Confédération Paysanne et la Coordination rurale, très activistes avec ces épandages spectaculaires qui ont marqué les esprits, et la FNSEA et le CNJA critiqués pour leur modération. Cette opposition explique, aujourd'hui, l'ampleur de la réaction d'organisations qui ont toujours été plus proches du pouvoir en place, ou à tout le moins ont cherché à passer des compromis avec lui. Mais même si celui-ci semble décidé à entendre le message du syndicalisme, historiquement représentatif de l'agriculture française, il a surtout le devoir de relever le nouveau défi européen qui se présente à elle. Quelques centaines de millions d'euros et l'allégement des charges n'y suffiront pas. Notre agriculture a besoin d'un plan d'ensemble qui prenne aussi en compte les attentes de la société et jette les bases d'un nouveau contrat de confiance avec la classe politique.

Joël Aubert

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