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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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30/09/2013

Quand les roms deviennent un enjeu de marketing politique

Passons sur les passes d'armes au sein du gouvernement pour tenter d'évaluer la portée des propos du ministre de l'Intérieur. En déniant aux roms toute possibilité de réussir à s'intégrer dans la société française pour des raisons qui touchent à leur mode de vie, à leur culture , Manuel Valls a franchi une ligne blanche continue qu'un homme de gauche de ce pays ne pouvait pas franchir sans rompre avec l'héritage universaliste de son parti. Le débat était appelé à devenir d'autant plus vif que les roms, qu'ils viennent de Roumanie ou de Bulgarie, sont des citoyens européens depuis l'entrée de leurs pays dans l'Union . Ils peuvent donc, en théorie, circuler librement tout en restant contrôlables aux frontières. En soulevant la question culturelle et, disons-le identitaire, sans ménagement, Manuel Valls s'est évidemment adressé à ceux de nos concitoyens qu'exaspèrent souvent des comportements en marge, notamment à la périphérie des grandes villes. Mais, du même coup, il a inquiété les associations, les bénévoles, les enseignants et certains élus qui s'efforcent, dans des conditions souvent très difficiles, de rester au contact de ces populations et militent pour que, dans toute la mesure du possible, les enfants soient scolarisés, ce qui suppose une certaine stabilité de leur habitat. Mission quasiment impossible dès lors que ces familles vivent dans des squats, des campements illégaux et ceci dans des conditions sanitaires inacceptables.

Manuel Valls a donc tiré dans un premier temps, sans état d'âme, la leçon de cette situation en faisant appliquer, dès l'an passé, les décisions de justice prises, ici et là, comme d'autres l'avaient fait à droite avant lui et avec même un surcroît de pugnacité. Certain ministre de l'intérieur, appelé aux plus hautes destinées, avait avant lui ouvert la voie à cette politique radicale mais dont on sait qu'elle ne règle pas grand chose au fond. Libre circulation aidant, les roms tenteront de s'installer ailleurs ou, renvoyés dans leur pays, reviendront dans le nôtre. Ce qu'on ne dit pas, ou peu, c'est que l'Europe en ouvrant la porte de l'Union, en 2007, à un pays comme la Roumanie ne pouvait pas ignorer les conditions d'extrême discrimination dont ils étaient victimes dans leur propre pays; elle a même pensé s'exonérer des critiques qu'il faut lui adresser, aujourd'hui, en finançant la Roumanie pour qu'elle s'attaque à ces inégalités criantes. Le résultat est là, inexistant. Ce constat ne saurait exonérer un ministre de la République de ces excès de langage, du danger mëme qu'ils représentent. Manuel Valls dont on ne doute pas de sa constance républicaine s'est expliqué, ce dimanche 29 septembre, en revendiquant une parole de vérité par opposition, en quelque sorte, à celle de Cécile Duflot. Il l'a fait en adoptant la posture du héraut de la gauche en danger face au Front National. Nous avions tous compris que le populaire ministre avait décidé d'occuper le terrain de la sécurité délaissée naguère par un de ses mentors, Lionel Jospin.
Marketing politique quand tu nous tiens...

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