PS: un triomphe qui oblige face à une droite à refonder

Si l'on veut bien ne pas oublier que les Régions et les Départements dans leur grande majorité sont également aux mains de la gauche, le pays est ainsi placé dans une situation inédite, et singulièrement depuis qu'existent les institutions de la V° République.

Ce tableau général lui crée, déjà, en soi, une très grande obligation à la fois sur le plan moral en même temps que cela la place face à un impératif catégorique : celui de réussir.

En effet, et c'est là le revers de cet immense succès du nombre, il est un chiffre qui fait froid dans le dos, celui de ce nouveau record d'abstention qui témoigne de l'extraordinaire scepticisme des Français à l'égard de la représentation politique. Si l'on veut bien ne pas oublier, non plus, le nombre de ceux qui ne s'inscrivent pas sur les listes électorales constatons qu'un français sur deux n'a pas pris part à l'élection de son député.

Tout se passe décidément, et de façon amplifiée depuis l'instauration du quinquennat, comme si la seule élection présidentielle devait décider de la conduite des affaires du pays. Ce n'est pas sain pour l'équilibre de notre système démocratique. Le nouveau président et son premier ministre qui vont devoir affronter, ils le savent, du gros temps sur le terrain de l'économie notamment auraient tort de ne pas ouvrir le jeu en commençant, par exemple, par informer l'opposition et l'entendre sur quelques unes des décisions qu'ils prendront. En effet, il est crucial de revaloriser le travail des parlementaires et de leur laisser l'initiative des lois en particulier pour tout ce qui touche aux questions de société.

Le nouveau visage de l'Assemblée nationale autorise, d'ailleurs, de semblables évolutions. Le PS à lui seul dispose de la majorité absolue et il a tout intérêt à cultiver les meilleures relations avec ses alliés les plus proches, Verts en premier lieu qui par le jeu des engagements pris obtiennent une représentation que leur seul score à l'élection présidentielle ne leur permettait pas d'espérer. Il faudra bien aussi que l'instauration d'une dose de proportionnelle voit le jour et les socialistes peuvent sans doute obtenir un consensus pour y parvenir.

Des chantiers institutionnels donc pour le nouveau pouvoir à côté, ou parallèlement, à la conduite des grands dossiers du quinquennat dont le moindre n'est pas le désendettement et la renouveau de notre système productif. Il bénéficie pour cela de toutes les cartes et même de la crise qui frappe l'UMP. Celle-ci a doublement échoué en ne parvenant pas à remobiliser son électorat pour tenter de colmater les brèches au second tour des législatives. Et en ne renouvelant pas suffisamment ses cadres. Le succès impressionnant de la gauche en Aquitaine et notamment dans des bastions de droite le confirme. Alain Juppé qui a pu le mesurer très concrètement à Bordeaux et en Gironde l'a dit sans plus attendre : il va falloir travailler le fond ...Comprenons remettre d'aplomb le corpus idéologique d'une droite à qui la percée du front National a parfois donné le tournis. Cette refondation dans une société qui change et souffre est indispensable à la bonne santé de notre démocratie.