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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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12/04/2007

Présidentielles: Quelle indécision?

Dans une interview qu'il a accordée au "Monde.fr" Alain Garrigou, professeur de sciences politiques à Paris-X Nanterre, qui fît brillamment ses premiers pas d'enseignant à Bordeaux, n'y va pas par quatre chemins: " Ce sont les sondages qui notent une indécision inédite, qui concernerait 40 à 50% d'électeurs. Or, il s'agit en partie d'une création des sondeurs, qui par peur de se tromper dans leurs estimations, et après la mésaventure de 2002, ont ouvert un grand parapluie: ils demandent désormais aux sondés s'ils sont sûrs de leur choix, ce qui encourage une réponse négative." Cette observation mérite,d'autant plus, d'être prise en considération que le nombre des sondages n'avait jamais été aussi élevé et que les résultats de certains semblent fortement entachés de partialité.

Alors? Que pensez et qui croire à dix jours du premier tour? D'abord, que s'il existe un sentiment d'incertitude cela tient, comme le dit Garrigou, au fait que quatre candidats sont en mesure de réaliser un score "à deux chiffres", ce qui tranche d'avec 2002 et laisse plus ouvert qu'on ne croit le classement au soir du 22 avril. Ensuite, que si pareil constat peut être fait c'est bien que la France, dans les profondeurs du corps électoral, sent bien que le pays est à un tournant de son histoire. Face au défi de la mondialisation qu'il ne parvient pas à surmonter, parce que leur cartésianisme et leur exigence de justice et d'égalité étreignent les Français, le pays ne sait pas vraiment à qui se donner. Lequel des candidats (tes) les rassurera le plus, les sortira de ce sentiment d'impuissance qu'aggrave la litanie des délocalisations, mettra à fin aux privilèges ostentatoires de certains dirigeants d'entreprises et se les imposera à lui-même, comme cela se fait dans les pays du nord de l'Europe? Enfin, et quoique on dise, ce n'est pas le moindre des interrogations de nos concitoyens, qui saura le mieux représenter la France dans le concert international? Et faire entendre sa voix comme Chirac le fît, d'ailleurs en vain, lorsque l'Amérique décida de mettre à bas le régime irakien? Ces doutes là expliquent l'incertitude, et le succès relatif mais inattendu d'un François Bayrou, les difficultés de Ségolène Royal à s'imposer, les craintes que suscitent certains propos, très à droite, de Nicolas Sarkozy, et la patte de velours de Jean-Marie Le Pen. Une fois encore, on semble oublier que l'élection présidentielle au suffrage universel direct, voulue par De Gaulle il y a cinquante ans, est un privilège rare et, d'une certaine façon, exorbitant dans une démocratie du XXI° siècle. Les Français le savent, y sont attachés mais ils doutent.

Réjouissons-nous. Leur choix final aura été mûri.

Joël Aubert.

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