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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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10/05/2009

Pourquoi Bayrou y croit toujours.


Dans « Abus de pouvoir », le livre qu’il vient de publier il entreprend, en effet, une critique radicale de la ligne politique de l’homme de l’Elysée à partir d’une double certitude : le « modèle sarkozyen » construit par conviction mais aussi pour les besoins d’une campagne électorale est aujourd’hui dépassé et totalement inadapté à la société française. Dépassé, car il privilégie, selon lui, le pouvoir de l’argentfou et inadapté parce qu’il contribue à creuser un peu plus les inégalités au sein d’une société, la nôtre, qui a mieux su que d’autres contenir les injustices et faire preuve de solidarité.

Bayrou d’ailleurs ne manque pas d’asseoir son argumentation sur la crise actuelle qui, en laissant libre cours à tous les excès de la finance, est à la source d’un chômage galopant. Une analyse que les socialistes eux-mêmes ne renieraient pas et convainc beaucoup que le député du Béarn prépare déjà de possibles alliances électorales. Trois ans ça passe très vite et, dans deux ans à peine, nous serons déjà entrés dans la campagne présidentielle. Les propos engageants de François Hollande, ceux de François Rebsamen donnent d’ailleurs du crédit à l’hypothèse d’un rapprochement du fondateur du Modem et des socialistes, d’au moins une partie d’entre eux. S’il y pense évidemment, François Bayrou a surtout une idée en tête : incarner l’opposant le plus constant et le plus résolu à Nicolas Sarkozy. C’est pourquoi il pointe du doigt la propension de la présidence à contrôler les grands médias, à la faveur de relations privilégiées avec leurs propriétaires. La charge de Bayrou, le 9 mai, lors de l’émission de Laurent Ruquié contre TF1 qui s’est interdite, selon lui, de le recevoir pour parler de son livre était, à cet égard, révélatrice. C’est pourquoi aussi le règlement définitif du contentieuxentre Tapie et le Crédit Lyonnais avec la bénédiction de l’Elysée prend une telle importance aux yeux de Bayrou.
La stratégie qu’il choisit ne semble pas trop mal lui réussir si l’on considère ces sondages qui, quoique toujours très théoriques, continuent à le placer au premier tour d’une présidentielle à son niveau de 2007.Il parie bien entendu sur l’échec de Nicolas Sarkozy, en sachant que c’est là sa vraie chance et de surcroît parce qu’il saitque la posture de l’opposant qui ne se lasse pas de dénoncer est, sous la V° République, un jour récompensée. François Mitterrand a mis un certain temps à le démontrer avant d’y réussir. Mais si la conquête du pouvoir est légitime, encore faut-il une fois l’avoir atteint être en mesure de gouverner. Et, là,François Bayrou et son Modem, ont beaucoup de chemin à parcourir pour éviter de venir buter sur une question clé : avec quels bataillons et quelles alliances gouverner ? Le poids électoral du Mouvement des Démocrates reste très insuffisant pour convaincre les Français, le moment venu, de porter à l’Elysée un homme qui n’est quand même pas De Gaulle.

Joël Aubert

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