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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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16/03/2008

Politiques ces municipales? Très politiques…

Considérons, justement, cette défaite d'un ministre phare de l'équipe Sarkozy, un homme qui, avec l'Education Nationale, tient un poste clé dans la stratégie gouvernementale, un ministre qui connaît de longue date la maison. Sa défaite à Périgueux doit indiscutablement au contexte politique national car, même si le temps d'une campagne on a pu lui reprocher de ne pas être assez présent dans sa ville, il y conservait des réseaux assez établis pour paraître assuré de sa réélection. L'exemple de Périgueux est d'autant plus significatif quele score de Xavier Darcos est plus qu'honorable, alors que dans beaucoup d'autres villes la défaite est cinglante. C'est le cas notamment de Strasbourg, tandis que Toulouse retourne à gauche. La longue parenthèse marquée par le magistère de la famille Baudis père et fils et l'élection de Douste Blazy qui devait plus à l'héritage qu'à l'empreinte d'un maire de plein exercice a pris fin.

Dans ce paysage très lourd pour le parti de Nicolas Sarkozy et ses quelques alliés du Nouveau centre, Marseille est l'exception; elle sera souvent évoquée pour panser les plaies issues d'un scrutin vraiment défavorable. La mobilisation dans la cité phocéenne doit au travail de l'équipe Gaudin, un maire qui a fait bouger sa ville et dont beaucoup pensaient qu'il en paierait, paradoxalement, le prix. Si ce qui a été possible à Marseille ne l'a pas été ailleurs, c'est bien que les électeurs de droite ne se reconnaissent plus, aujourd'hui, dans l'offre sarkozyenne. L'homme de l'Elysée qui aurait aimé minimiserl'impact de ces municipales, après avoir d'abord défendu l'idée contraire, ne pourra pas ne pas tirer la leçon de ce vote de désaveu. Un remaniement gouvernemental sera, à tout le moins, rendu nécessaire après la défaite de ministres, tel Xavier Darcos, à moins que la jurisprudence Juppé de juin 2007 ne soit plus de saison. Attendons. Mais le plus important, ce ne sera pas cette redistribution, les bonnes et mauvaises notes adressées aux ministres; ce sera plutôt la capacité de ce pouvoir, et du tandem président-premier ministe, à donner de la cohérence à un action politique, aujourd'hui largement incomprise. Des annonces précipitées, des concertations formelles ont donné, à beaucoup de ceux que les réformes concernent, le sentiment de l'insécurité. On ne gouvrene pas un pays comme le nôtre à l'impulsion et au ressenti. Et on ne peut prétendre être la clé de voûte des institutions si l'on ne consent pas à garder assez de hauteur de vue pour corriger les trajectoires d'un gouvernement. C'est qu'un François Bayrou aurait plus de chance de dire en étant entendu s'il avait réussi son pari palois. Son échec ne sonne pas forcément la fin des ses ambitions les plus élevées; il le contraint à élargir son espace politique et à définir des alliances durables.

L'avertissement solennel adressé par le pays à Nicolas Sarkozy fait bien les affaires d'un parti socialiste pourtant dispersé à sa tête et, plus que jamais, tiraillé par le jeu des ambitions. Il lui donne même une embellie dans des villes où il semblait devoir se contenter du rôle d'opposant à vie. Près de chez nous on pense à la ville thermale de Dax où la gauche atteint un score inattendu. Mais on mesurera aussi l'ampleur de la réaction populaire en regardant à la loupe des résultats dans certains départements qui n'avaient plus connu l'alternance depuis longtemps, le Lot-et-Garonne en particulier. La carte électorale issue de ces municipales sera d'autant plus curieuse à observer que par le biais de la décentralisation la vie quotidienne en sera souvent très influencée.

Alors élections politiques ou non ces municipales? A cet égard, et compte tenu des compétences d'agglomération et de communautés de communes, les conséquences des choix des 9 et 16 mars sont, déjà, très politiques.

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