Petite histoire d’eau pour temps de Noël

Donc, hier, en marchant en forêt avec des amis, à la recherche de houx j’ai remarqué avec plaisir que le mot de cours d’eau avait toujours un sens très fort. D’anciens fossés, jadis entretenus et que l’on croyait disparus, retrouvent  leur prime jeunesse, recueillant les eaux de pluie, tombées en si grande abondance qu’elles s’écoulent par le biais de ces ruisselets vers la rivière. La mienne s’appelle la Saye et je ne lui connaissais pas pareil débit depuis des lustres, elle qui les étés venus ne survit que péniblement à la sécheresse. Ma rivière à moi se jette dans l’Isle qui se jette dans la Dordogne qui rejoint la Garonne au Bec d’Ambés, lesquelles forment ainsi, à elles deux, le plus grand estuaire d’Europe. Leçon de géographie, classe de fin d’études primaires….

C’est fascinant d’imaginer que votre petite rivière, d’ordinaire si nonchalante, où vous péchiez, enfant, quelques gardons, participe quelques heures, quelque jours durant, à faire monter les eaux du plus grand estuaire d’Europe. Cette Gironde qui fut une terre d’élection de l’esturgeon que l’homme essaie d’y réimplanter avec des trésors de patience et d’ingéniosité, formidable pari sur l’avenir, tandis qu’à deux pas de là, l’esturgeon d’élevage réenchante la tradition bordelaise du caviar.

Il existe donc bien une autre façon de considérer la pluie que de manière geignarde comme nous le faisions, si souvent, ces jours derniers. Que ferions-nous si, tombée en grande quantité, elle ne venait nous rappeler le meilleur de nos leçons de géographie et de sciences naturelles ?

L’eau est un bien rare et nous le savons aussi bien que d’autres, nous habitants de cette Aquitaine, terre des eaux mêlées. Elle mérite donc respect, attention et que nous sachions aussi la conserver dans ces nappes de toutes profondeurs, évitant de la gaspiller, en pensant à ces multiples usages qui sont synonymes de vie. Et de long cours...