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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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18/08/2023

Nous sommes tous des réfugiés

On finit par les considérer comme des faits divers récurrents qui ne nous interpellent plus vraiment au cœur de l’été. Des bateaux de fortune surchargés d’hommes, de femmes et d’enfants sont arrachés in extremis aux flots mortifères de la Méditerranée et sauvés in extremis d’une mort certaine. Il y en aurait déjà plus de 2000 depuis le début de l’année 2023, soit davantage que pendant les douze mois de 2022.

Ils font l’actualité pendant quelques heures, avant de poursuivre leur parcours semé d’embuches entre les Etats qui les repoussent chez le voisin, la maladie et l’isolement qui sont leur menace quotidienne. Motivés par la quête d’un eldorado souvent déçu et parfois inatteignable.  

Mais on ignore combien, non repérés par les sauveteurs, échappent à cette sordide comptabilité et disparaissent dans l’ignorance et les ténèbres, engloutis sur l’autel de l’exode économique. Ils viennent alourdir le tragique bilan de ceux qui, faisant le constat que leur vie s’est vidée d’espoir, font le pari de tout abandonner, de quitter leur famille et leurs biens, dans l’espérance de jours meilleurs, d’une vie plus confortable et d’un avenir radieux pour leurs enfants.   

L’onde méditerranéenne n’a plus l’exclusivité de ces naufrages. On savait que l’Atlantique a pris sa part. La pression mise par les garde-côtes du côté de Gibraltar incite les passeurs à organiser leur abominable trafic vers les Iles des Canaries. Mais l’océan est vaste et la navigation sur ces embarcations de fortune tellement aléatoires que certaines n’arrivent jamais sur ces îles touristiques, confettis d’Europe au milieu de l'immensité.

Le désert se révèle être lui aussi un redoutable piège où ceux qui se font refouler à la frontière tunisienne meurent de soif et de faim dans l’indifférence générale. La photo de Safi et Marie nous a émus tant on devine que derrière ce cliché se cache une foule d’autres vies fauchées par l’absence totale d’un minimum de compassion de la part d’Etats aveuglés par le rejet de l’étranger. Et voilà que l’actualité récente dans la Manche nous rappelle que cette réalité nous entoure de tous les côtés.

Une période d’instabilité débute au Niger et risque de mettre une partie de l’Afrique sur le chemin de la guerre, sous la baguette à peine dissimulée du machiavélique chef d’orchestre russe, Vladimir Poutine. De quoi aggraver encore cette situation sous haute tension et alimenter une nouvelle machine à lancer des réfugiés sur des chemins hostiles.

Quelques mois après l’arrivée d’Ukrainiens sur notre sol, il faut donc le marteler à ceux qui peinent à le comprendre : accueillir dignement les réfugiés d’où qu’ils soient, n’est plus une option. Les abandonner à une mort certaine est juste insupportable. La différence de religion ou de couleur de peau ne rend aucune de ces détresses plus tolérable.  

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