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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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13/07/2014

Nos estivales… Depuis Ré, une île de l’Aquitaine de demain?…

Car Ré des années 2000 n'a plus guère à voir avec celle des années 50... Le mot continent n'est plus en usage ou si peu ; le pont est passé par là et avec lui le flot des vacanciers et touristes d'un jour qui s'acquittent du péage, pardon de l'éco-taxe, comme on le ferait en sortant de l'A 62 . L'ennui, le seul, c'est qu'ils abordent du coup à la terre promise, à la fois belle et fragile plus que tout autre. Et que les hommes et les femmes, les élus notamment qui en ont la charge, à coté de l'Etat, se battent pour la garder « hors d'eau » ou plutôt se débattent pour trouver l'argent nécessaire à hâter sa protection. Xynthia est passée par là, redessinant pendant quelques longues heures la carte des origines, recréant trois îles au lieu d'une seule... Et les coups de boutoir de l'Océan, année après année, poursuivent leur travail de sape. Désormais l'Etat que les drames d'ici mais surtout ceux d'en face, sur la côte vendéenne, ont réveillé affiche son intransigeance. Le temps n'était déjà plus à construire trop près du rivage; il est carrément aujourd'hui à s'en éloigner franchement ce qui dans les endroits les plus exposés de la côte d'une île – qui ne fait dans son plus large pas plus de ci,q kilomètres – interdit tout espoir de valoriser son patrimoine. Est-il besoin de souligner que cette nouvelle donne déchaîne parfois les passions ?

Reste qu'au plus fort de sa fréquentation, Ré exerce sur ceux qui la découvrent un pouvoir de séduction intact. Ses pistes cyclables ont, aux heures de pointe, des allures de slalom géant où parents et enfants se hasardent comme s'ils partaient à la conquête de l'ouest; ses vignerons n'ont pas leur pareil pour cultiver le packaging sur des bouteilles qui sentent l'évasion; l'estran par jour de grande marée est, sous surveillance, le lieu d'une improbable pêche miraculeuse...C'est ce qu'on appelle, ici aussi, le tourisme de masse. Faut-il le déplorer au nom du respect que l'on doit avoir pour ces espaces que la nature nous a légués ? A moins que ce ne soit d'une nostalgie par définition prétentieuse ?

Non, il faut accepter, simplement, de le vivre sans être dupe de cet emballement dont il n'est point besoin de s'appesantir sur les conséquences sociales. L'autre grand défi de Ré, où il est difficile d'investir à moins d'être millionnaire, consiste à trouver les moyens de loger ses jeunes, ceux qui vivent et travaillent au pays ou prennent, chaque jour, le chemin de l'agglomération rochelaise. Il n'est pas aisé de le relever mais pas impossible non plus. Et puis, là comme ailleurs, l'île est assez diverse avec l'extraordinaire variété des ses paysages pour que l'on s'aventure, à contre courant de la foule, dans l'épais sous-bois de la forêt du Lizay, à deux pas des blockhaus dont l'Océan finira par avoir la peau, à moins qu' à la nuit tombante on ne décide d'emprunter le sentier littoral qui conduit à l'abbaye des Châteliers, offrant une vue sublime sur le rivage vendéen. Le regard porte, au-delà du Pertuis Breton, indestructible bras de mer vers La Rochelle-Pallice et son port en eaux profondes qui continue de faire rêver le voisin bordelais.

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