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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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06/04/2014

Municipales: Les premières leçons d’un tremblement de terre

Car ne nous y trompons pas, ce n'est pas parce que la droite a bénéficié de l'effondrement du PS qu'elle est à l'abri du jugement péremptoire que le pays adresse à ses élus. D'ailleurs, il se trouve à droite, à l'UMP ou dans sa mouvance de jeunes élus assez lucides pour, avant de crier victoire sur tous les tons, à la façon d'un Copé, appeler à repenser la façon de faire de la politique, à l'heure où quelques cinq millions de français vivent au rythme de l'augmentation, qui semble inéluctable, d'un chômage de masse. Et, où près de 40 pour cent d'entre eux ne croient pas qu'aller voter changera quoi que ce soit à leur condition.

Tentons de passer en revue quelques unes des causes de ce tremblement de terre de mars 2014. Et ceci à travers quelques mots clés.

Impuissance : Comment, en effet, ne pas convenir que les élus de tous bords semblent plus que jamais impuissants face à la nouvelle donne de l'économie mondiale qui s'est accélérée avec la dérégulation de la finance puis la crise des subprimes, voilà six ans. La gauche, pour sa part, prend les rennes avec les pleins pouvoirs en 2012 – un président de la République, une assemblée nationale et un Sénat, la majorité des régions et départements de France et nombre de grandes villes. François Hollande désigne son ennemie, la finance, dans une de ces envolées de campagne destinée à mobiliser les électeurs et ne craint pas de construire celle-ci sur un slogan improbable : « le changement c'est maintenant ». En fait de changement, les Français découvrent surtout la continuité et sont tétanisés par un froid discours sur le nécessaire endettement du pays. La maldonne est totale et ce n'est pas la création des emplois jeunes qui peut infléchir la courbe du chômage.

Idéologie: La gauche, par deux fois, au cours de l'histoire de ces trente dernières années, a éprouvé son corpus idéologique en des temps difficiles. Souvenons-nous des années 82/83 où après avoir construit sa victoire sur une alliance avec le parti communiste, François Mitterrand n'avait pas craint de mettre en œuvre des nationalisations qui devaient être la clé du renouveau économique avant d'arbitrer en faveur de Jacques Delors et l'accrochage au wagon européen. En ces jours du printemps 2014, le tandem Hollande-Valls doit imposer la ligne social-démocrate et réussir son deal économique avec le patronat, tandis que grondent les jeunes députés socialistes qui rêvent d'un virage à gauche. Comme si l'Etat impécunieux disposait de marges de manœuvres pour pratiquer une manière de relance. Drame d'un parti en lambeaux sur le terrain des idées et des solutions et singulièrement depuis que Martine Aubry en a quitté la direction. Un parti qui a cru que le plus important était de se mobiliser sur des réformes de société – le mariage par exemple - et n'a pas joué son rôle militant, ce dont la désaffection qui le frappe est révélatrice.

Appareils : face à la crise et à l'éloignement de l'électeur qui, d'une élection à l'autre, va grandissant les appareils s'enferment dans leur fonctionnement et se rassurent tant bien que mal, en tenant un discours souvent étranger au réel, à la vie des gens. La gauche qui, jusqu'ici, tenait le plus grand nombre de leviers d'action a continué de fonctionner sur le mode chacun pour soi. Il est frappant, par exemple, de considérer que les collectivités territoriales, depuis deux ans que le débat sur la décentralisation a commencé, n'ont que peu ou pas du tout cherché à apporter des suggestions de coopération concertée pour rendre l'action publique, la leur très souvent, plus efficace et moins dispendieuse. Songeons à l'occasion manquée de la loi sur le cumul des mandats. On objectera qu'elle entrera en vigueur à compter de 2017 : la belle affaire.... comme si cette orientation défendue et intégrée dans le programme du PS, façon Aubry, pouvait attendre. Le geste eût été fort aux yeux de Français qui veulent de l'exemplarité.

Ces quelques rappels sont peu de chose par rapport à l'inventaire qui devrait être entrepris sans tarder. Notons qu'à droite et au centre un certain nombre de quadras s'emploient à chercher de nouvelles orientations pour une France qui piétine, tandis qu' à gauche les écologistes sont capables de passer des alliances de terrain qui les propulsent à la tête d'une ville comme c'est le cas à Grenoble, en débordant le candidat du PS. Sans aller jusqu'à parler de recomposition, attendons-nous à ce que le tremblement de terre des 23 et 30 mars produise une ou plusieurs répliques dans le paysage politique d'une gauche qui en a grand besoin.

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