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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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02/08/2009

Mourir pour Kaboul, pour combien de temps encore?…

Elle nous rappelle cependant, au cœur d’un chassé croiséestival, vécu comme une parenthèse heureuse, que la France est engagée dans la lutte contre le terrorisme très loin de ses bases. Une bataille qui a commencé, voilà huit ans, et dont hélas la fin est plus qu’improbable.
Ben Laden reste insaisissable, l’Afghanistan a hérité d’une démocratie imposée et d’un président installé dans les bagages de l’Amérique, la corruption sévit spécialement au sein des forces de sécurité, la production d’opium a triplé entre 2004 et 2008 et l’Otan n’a pas « rempli les objectifs promis » : Ce constat émane d’un rapport que les députés de la Commission des affaires étrangères des Communes ont rendu, ce dimanche 2 août. Les parlementaires britanniques, que l’on ne saurait soupçonner d’antiaméricanisme primaire, y pointent, tout à la fois, le manque de sensibilitéculturelle de certains militaires, les bombardements aériens meurtriersqui ont détourné les Afghans du soutien aux soldats de l’Alliance, l’éparpillement des prises de décision du commandement…
A l’approche de l’élection présidentielle, le 20 août prochain, les engagements se multiplient et le nombre des soldats victimes n’a jamais été aussi élevé : 75 pour le seul mois de juillet dont 22 britanniques, un chiffre record qui suscite beaucoup d’inquiétude en Grande Bretagne et met la stratégie de Gordon Brown fortement en question.
La France qui a tiré les enseignements de l’embuscade meurtrière de l’an dernier, en renforçant quelque peu sa capacité de renseignements et son armement, joue sa partition sur un mode qui est cher à l’armée, celui de la pacification mais, là-aussi, elle s’expose à côté d’une population qui est sous la pression des talibans.
L’Amérique d’Obama, sans parvenir à obtenir les forces qu’elle juge nécessaire à la victoire mise, une fois encore, sur l'implication du Pakistan, terre d’élection du terrorisme pour y réduire la base arrière des talibans. Mais elle reste toujours dans la crainte que les émules de Ben Laden ne finissent par y prendre le pouvoir et le contrôle de l’arme nucléaire. Pourquoi réussirait-elle à installer définitivement la démocratie dans cet Afghanistan féodal, là où la puissante armée rouge a subi un échec retentissant et perdu des milliers d’hommes? Parce qu’elle incarne des valeurs universelles et que ce prosélytisme est particulièrement estimable? Encore faudrait-il que, parallèlement aux moyens militaires déployés, la société afghane ait la capacité de se prendre en charge…Et cela est d’autant plus aléatoire qu’on lui propose un modèle étranger à sa culture. Eternel dilemme véhiculé par l’Occident sous les couleurs de l’Otan. Hélas nos soldats vont donc continuer à mourirpour Kaboul. Pour combien de temps encore?

Joël Aubert

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