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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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24/04/2017

Macron-Le Pen : la finale avant le grand changement

Le peuple français a pu être déçu du niveau de cette campagne ; il n'en a pas moins fait son choix, confirmant du même coup les derniers sondages, mais bien plus encore renvoyant à leurs chères études les deux grandes familles politiques qui gouvernaient la France depuis l'alternance de 1981 et la victoire de François Mitterrand., « un séisme » selon François Baroin que l'on avait annoncé comme un possible premier ministre de François Fillon. Le parti socialiste, d'une part, dont Benoît Hamon, avec des accents qui rappelaient ceux de Lionel Jospin éliminé de la course finale en 2002, a parlé de défaite morale avant d'appeler sans ambiguïté à voter pour Emmanuel Macron, le 7 mai prochain. La droite d'autre part, façon « Les Républicains », parti fait sur mesure pour un certain Nicolas Sarkozy, qui après avoir éliminé Alain Juppé dans une primaire clanique, a proposé le programme radical de François Fillon comme seule solution possible au redressement du pays. Au-delà de ce qu'il a été convenu d'appeler les « affaires » le concernant, il ne fait guère de doute que le choix qui fût le sien et le propulsa à la tête de la droite, l'a privé des électeurs du centre qu'il avait tenté par la suite de rassurer. On notera que l'ancien premier ministre a su trouver les mots, avec ce qu'il fallait de hauteur de vue et de dignité pour appeler à voter Macron et surtout empêcher ce qu'il a nommé le « chaos » national et européen.

Voici donc le pays invité à trancher entre un jeune homme dont personne n'avait vraiment imaginé qu'il pourrait aller au bout de son incroyable dessein lorsqu'il lança officiellement « En Marche » le 6 avril 2016 et la fille de Jean-Marie Le Pen que l'on avait cru, un temps, en mesure d'être en tête de ce premier tour mais dont on ne saurait oublier, toutefois, que son score ce 23 avril 2017, lui accorde quelques cinq points de plus qu'en 2012. Le vote FN est bien installé dans la France d'aujourd'hui et il ne faut pas aller bien loin dans notre Nouvelle Aquitaine, dans notre Gironde en premier, pour le vérifier, après des élections départementales et régionales souvent stupéfiantes.

Il est significatif que de François Baroin à François Bayrou, l'homme qui a donné un sacré coup d'épaule à Emmanuel Macron, en renonçant à se présenter l'heure est au rassemblement.. car ce n'est pas parce que les sondages croient impossible une Marine Le Pen présidente qu'il faut considérer comme acquise l'élection de Macron. Il y a trop de rancoeurs accumulées dans la famille socialiste, trop d'invectives répétées dans les allées de la France Insoumise, pour croire que les électeurs de gauche vont se diriger, sans état d'âme, vers les urnes dans deux semaines. Faut-il rappeler, s'agissant de la performance, car c'en est une que celle réalisée par Jean-Luc Mélenchon, qu'elle a beaucoup puisé dans une campagne anti-européenne versus «  l'austérité c'est la faute à l'Europe et à la Banque Centrale Européenne ». Et que cette campagne a justement fait écho à celle de Marine Le Pen dont le retour au franc a très probablement inquiété des Français plus que prudents quand il s'agit de jouer avec la monnaie et leur importante épargne. Bien malin celui qui pourrait affirmer que le Front Républicain, en faveur d'Emmanuel Macron, où la droite s'est engagée avec le concours d'Alain Juppé, fonctionnera à tout coup parmi ces électeurs de gauche « insoumis » qui ont cru possible et leur héros en premier lieu de disputer la finale.

En tout cas la nouvelle donne politique qui devrait sortir de cette présidentielle rebat en profondeur les cartes d'un système à bout de souffle. Le parti socialiste est à refonder et il n'est pas sûr que l'échec majuscule de Benoît Hamon, dont on mesure davantage encore la portée dans des terres de gauche comme celles de notre sud ouest, le sauve d'une mise à l'écart ; la lourde défaite de François Fillon ne tardera pas à susciter la grande explication idéologique dont la droite ne pourra pas s'exonérer. Et que la probable victoire d'Emmanuel Macron ne ferait qu'accélérer, envoyant du même coup un message de la France à une Europe suspendue à son verdict final.

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