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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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15/11/2022

L’immobilisme continuera de faire des victimes

L’Église catholique française se retrouve une nouvelle fois dans une position intenable. Onze évêques dont le cardinal et ancien archevêque de Bordeaux, Mgr Jean-Pierre Ricard, sont concernés par des affaires de violences sexuelles. Pas des prêtres ou des religieux qui auraient renié leur engagement personnel. Des évêques, c’est-à-dire des gens désignés par Rome pour conduire le troupeau et représenter l’institution. Dans une organisation non démocratique comme l’Église, c’est leur donner un pouvoir considérable et une responsabilité qui ne l’est pas moins. Autrement dit, on peut espérer de Rome quelques précautions pour effectuer ce casting.

Que ces hommes commettent des actes criminels à connotation sexuelle qui vont gravement perturber l’avenir de leurs victimes est déjà ignoble. Qu’ils abusent de leur position d’adulte de référence auprès d’enfants, de jeunes et de leurs familles, pour endormir la vigilance de parents qui leur font confiance est encore plus révoltant.

On sait que tout groupe humain compte ses brebis galeuses et ses pervers. Mais au moins aurait-on pu espérer que l’Église si prompte à faire la morale à tout propos de la vie intime (préservatif, avortement, mariage gay…) soit aussi empressée à laver son propre linge sale. Les prêtres sont des hommes comme les autres, et pour quelques-uns d’entre eux, la règle imposée du célibat, qui implique dans le cadre de l’Église le renoncement à toute vie sexuelle, est insurmontable de frustrations.

Ni les prises de parole des évêques dans les diocèses après la publication du rapport Sauvé voilà un an, ni la récente conférence des évêques qui s’est tenue à Lourdes n’abordent clairement cette question du célibat. Ils ont préféré envisagé la basique « constitution d’un comité de suivi ». Il ne s’agit plus de réfléchir à un « suivi » ni de tenter de gérer une communication institutionnelle calamiteuse. Il faut diagnostiquer le mal et aller jusqu’au bout du traitement, en privilégiant le mode préventif pour épargner de futures victimes. Dans le champ des possibles, donner aux prêtres, aux religieux et religieuses la possibilité de vivre l'amour et la sexualité au sein d’un couple qui s'est choisi librement ne paraît pas relever forcément du blasphème.

La loi des hommes évolue régulièrement pour s'adapter ou corriger ses imperfections. Pourquoi le droit canonique est-il figé dans l’immobilisme ?

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