Les primaires s’installent, la monarchie s’estompe

L'une, de nature mathématique,vient confirmer ce que les sondages laissaient entrevoir : le succès de François Hollande auprès de ce corps électoral singulier réuni sous l'étiquette sympathisants de gauche. Notons qu'il ne se traduit pas par une lourde défaite de Martine Aubry, comme ces mêmes sondages l'avaient un temps pronostiqué. On peut donc imaginer que la ligne de partage entre militants et sympathisants a profité relativement à la maire de Lille. C'est tout sauf une surprise.
Le second commentaire, en attendant que les quatre perdants ne fassent savoir leur préférence, touche à l'usage même de la démocratie dans ce vieux pays dont la monarchie a modelé l'image du chef.
Songeons à cette sorte de bouleversement que représente, depuis que la V° République a vu le jour, le choix par des citoyens eux-mêmes d'un candidat à la magistrature suprême. Simple rappel pour en prendre pleinement conscience : De Gaulle s'était succédé à lui-même, Giscard fut candidat à sa propre succession et mal lui en prît, Mitterrand ne laissa à aucun autre qu'à lui-même, et surtout pas à Rocard, le soin d'être candidat une seconde fois d'ailleurs victorieusement, ce qui inspira nécessairement Chirac...
La primaire socialiste de ce 9 octobre marque une étape nouvelle sous la Cinquième : elle contraint désormais le prince sortant à retourner devant les siens, les citoyens, pour obtenir le droit de se représenter. La droite l'avait bien compris ces jours-ci, François Fillon en tête, ouvrant le jeu ...pour 2017, tout en pensant sans doute, quelque part, à l'épreuve que des primaires auraient représenté pour uncertain Nicolas Sarkozy. Et surtout que l'idée ne vienne à personne de supputer les chances d'un Alain Juppé lors de primaires qui auraient eu lieu au sein de l'UMP...

Joël Aubert