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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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27/10/2022

Les frontières sont faites pour être franchies

Rishi Sunak est le premier Premier ministre du Royaume Uni à être non-blanc. Il remplace Liz Truss, une femme qui n’a pas trop réussi son mandat écourté à 44 jours. Mais ce n’était pas la première femme à élire domicile au 10 Downing Street. Theresa May et Margaret Thatcher l’y ont précédée.

En France aussi, nous avons une femme Première ministre en la personne d’Elisabeth Borne, longtemps après Edith Cresson. Tandis que les Etats-Unis ont déjà conduit et reconduit à la Maison Blanche le Noir, Barack Obama et que l’Allemagne a confié son destin à une femme, Angela Merkel pendant seize ans.

Conservateurs ou progressistes, brillants ou non : ces hommes et ces femmes sont comme les autres, bourrés d’autant de qualités que de défauts. Et leurs choix politiques s’avèrent parfois pertinents, parfois calamiteux. Exactement comme ceux de tous les hommes valides de 50 ans et plus qu’ils ont détrônés.

Mais ces différents exemples montrent que le plafond de verre se fendille parfois. Les brèches sont encore assez rares pour qu’on les érige en modèles. Mais elles existent.

Le cas de Rishi Sunak montre cependant une dimension supplémentaire. Ses grand-parents vivaient dans le Pendjab. Et lui qui a grandi dans l’officine de sa mère pharmacienne, s’est faufilé dans les pas d’un financier et d’un homme de la City de Londres, digne de l’élite traditionnelle anglaise, au point d’y faire fortune. Sur le perron de Downing Street, il assure que sa principale préoccupation sera de rebâtir l’unité d’un pays écartelé par le Brexit.  

Aujourd’hui, chaque jour et chaque nuit, des migrants venus d’Afrique équatoriale passent la frontière clandestinement entre Irun et Hendaye (Pyrénées-Atlantiques), après un voyage harassant et dangereux de plusieurs semaines. Ils risquent leur vie en traversant la Bidassoa à la nage, un seul petit sac à dos sur le haut de la tête, pour ne pas tremper leur seul bagage. Ils se font pourchasser par la police dès les premiers kilomètres parcourus en France, jouent à cache-cache le long des voies ferrées ou dans les bus à bas coût.

Comme le long de la frontière italienne, le Pays basque est le témoin quotidien de ces scénarios déshumanisants. Et si, comme les grands-parents de Rishi Sunak, l’un de ces hommes traqués, l’une de ces femmes épuisées, portait en lui ou en elle, celui ou celle qui demain, sera le refondateur de notre pays, le nouvel Abbé Pierre ou le futur grand patron d’une multinationale résiliente sur le plan des ressources ou socialement innovante ?

Ne pas se poser la question, c’est consolider ce plafond de verre et renforcer encore et toujours ces cloisons qui étriquent nos sociétés modernes. Ouvrons nos esprits, élargissons nos points de vue et débunkérisons nos frontières.

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