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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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06/10/2013

Le virage à la française de la Politique Agricole Commune

En clair, alors que l'Europe s'est ouverte au grand vent de la mondialisation, allait-elle brader son agriculture, d'ici à 2020, au prétexte qu'elle a été la grande consommatrice des budgets de l'Union ? Et comment la France allait-elle assurer l'essentiel de son économie agricole ? Le président de la République avait plutôt bien joué le coup, avec l'Allemagne notamment, obtenant l'engagement d'un budget substantiel pours les années à venir. En Auvergne, accompagné d'un ministre de l'agriculture très au contact de la profession, il a fait le choix de soutenir une agriculture économiquement et socialement dynamique. Et tant pis si, en lecture immédiate, les céréaliers si souvent pointés du doigt pour avoir consommé, année après année, beaucoup des aides en auront moins; elles seront en partie redistribuées aux exploitations que l'on classe comme plus petites. Celles-ci, à hauteur des 52 premiers hectares seront donc mieux dotées demain qu'hier sans que les autres soient écartées. Hollande dont on savait qu'il avait été, à tout le moins un champion de la synthèse au sein du PS, a jusqu'ici avec la bénédiction d'une partie de la FNSEA, président en tête, et celle des Jeunes Agriculteurs, confirmé cette nouvelle donne. Résumé de cet exercice présidentiel: «  pas de céréaliers sans éleveurs et pas d'éleveurs sans céréaliers ». Une manière de maxime à laquelle les profits dégagés par ceux-ci, ces dernières années, dans un contexte mondial de flambée des prix, donne un sens certain, alors même que l'élevage, laitier en premier lieu mais pas seulement, connaît une crise profonde. Une crise qui a conduit ici et là, en Bretagne notamment mais en Aquitaine aussi, à délaisser l'élevage au profit des céréales, du maïs par exemple. Une tendance qui inquiétait vivement les organisations professionnelles et qui vient de rencontrer une vraie compréhension de la part des pouvoirs publics. Et ce n'est évidemment pas par hasard que la mise en perspective de la nouvelle PAC, à la mode franco-française, a été annoncée dans un sommet de l'élevage. A court terme, cela ne va résoudre les difficultés des éleveurs qui, sur des exploitations petites ou moyennes, s'accrochent pour conserver leur cheptel et maintenir en culture des territoires menacés de déprise. Mais en revanche dégager des perspectives, permettre une gestion mieux anticipée des exploitations et leur modernisation qui va être fortement encouragée. En un mot redonner de l'espoir. Reste que ce grand chantier qui va être bientôt débattu à l'Assemblée nationale, avec en première ligne un député socialiste de la Dordogne, Germinal Peiro, qui a beaucoup contribué à la prise de conscience de son parti, ne fait que commencer. Il sera beaucoup question aussi du fameux "verdissement" de la PAC qui, à défaut d'entraîner l'adhésion d'une profession qui a longtemps vu rouge quand on lui parlait de vert, encouragera des innovations importantes et des remises en question nécessaires. Enfin, il ne faudra surtout pas traiter avec moins d'attention l'autre pilier de cette fameuse PAC, qui concerne le soutien au monde rural. Ici, en Aquitaine, il est impératif de rester à la fois lucide et vigilant mais tout à fait conscient que le maintien d'une agriculture diversifiée et de qualité est encore la meilleure garantie de la vitalité des territoires.

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