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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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11/09/2011

Le secret des sources sous haute surveillance

Appliquée aux derniers développements de l'affaire d'espionnage qui atteint le journal Le Monde, la question du secret est posée avec vigueur. A quoi bon le secret si, dans le cadre de  la loi qui a reconnu avec plus de netteté que jamais, en 2010, la garantie du secret des sources dans la démarche journalistique, le pouvoir ne le respecte pas ? Il est plus facile de faire, de façon expéditive, des procès d'intention à la presse dont le devoir est de rechercher la vérité que d'appliquer la loi qui la protège, au nom de la liberté de l'information, pierre angulaire de la démocratie. 

Rappelons que notre confrère Gérard Davet, enquêtant sur l'affaire Bettencourt, a vu ses conversations téléphoniques épluchées au prétexte, désormais confirmé par le directeur général de la police nationale lui-même, que le pouvoir recherchait le haut fonctionnaire fournisseur d'informations. Depuis on sait que l'ancien membre du cabinet de Michèle Alliot-Marie ainsi identifié a été muté... à la Cour d'Appel de Cayenne. Il ne fait pas bon sous cette présidence - mais d'autres avant elle n'avaient pas fait beaucoup mieux - confier quelque information à la presse.

Ces derniers jours on a compris, après que le ministre de l'intérieur a commencé à parler de repérages, sur l'antenne de France Info, que le temps était venu d'assumer, progressivement. Le patron de la police est monté en première ligne mais cela ne signifie pas que le cours de la justice, saisie par « Le Monde », ne pourra pas aller jusqu'à le mettre en examen.

En tout cas, il sera délicat de justifier cet acte illégal à l'encontre d'un journaliste, par les impératifs de la raison d'Etat. On semble bien loin, dans cette affaire, de l'intérêt national, de la sûreté de l'Etat. Seuls  les soupçons d'activité terroriste auraient pu conduire à légitimer une pratique, d'ailleurs encadrée par une procédure prévue par la loi. Désormais il faut attendre les décisions de la juge en charge de l'instruction pour  tenter d'établir le vrai niveau des responsabilités, tout en sachant que cela sera... quasiment impossible.

Joël Aubert

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