icone plume

L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
09/03/2009

Le projet de loi HPST à l’épreuve d’un fait: Ubu n’est pas mort

Les intentions de la loi sont généreuses et nous ne devrons pas attendre plus de vingt minutes pour trouver un médecin et trente un service d’urgences. La réalité est évidemment différente selon le lieu où l’on se trouve, le nombre des médecins et le délai d’attente téléphonique pour atteindre un service, répondre au questionnaire obligatoire et construire sa stratégie médicale.
A ceux qui croiraient que nous versons, ici, dans la caricature voici le récit contemporain d’un fait ordinaire qui s’est produit un dimanche récent à la campagne : une personne du grand âge fait une chute, sa famille voisine est avertie par un passant, le relève et le prend en charge. Première étape, premier réconfort : granules d’arnica, gel du même nom mais impuissance devant la plaie ouverte au coude qui nécessite quelques points de suture et vérifications… La liste du médecin de garde du secteur n’étant plus connue du citoyen, il faut passer par le 15. Première expérience et l’attente musicale, toujours trop longue, d’un contact avec« le médecin régulateur ». Questions, appréciations de la gravité de l’état du patient… Quelle stratégie allons nous adopter ?La proposition faite tourne autour de l’envoi d’une ambulance à domicile, du choix d’un hôpital mais aucune information sur le médecin de garde du « territoire », à priori concerné dont le nom aurait dûnous être communiqué et dont la permanence est pourtant programmée en liaison avec le Conseil de l’ordre. Finalement, nous renoncerons à la mise en route de pareil protocole et contribuerons à une économie certaine de l’assurance maladie. La qualité de relations de proximité permettra les premiers soins convenables.
Cette histoire vraie, vécue au moment où l’on débat gravement de notre système de santé, au cœur du fameux « pacte social français », participe de l’air du temps. Au prétexte d’économies, de libéralisation, nous touchons, hélas, à la bureaucratisation tant redoutée. Les défenseurs du système décrit, ici, pointeront du doigt la « démographie médicale », le refus des jeunes médecins de s’installer à la campagne, la nécessité de centraliser les informations avec l’idée de pouvoir « agir/réagir » au plus vite. Notons, au passage, qu’il en est d’ailleurs de la médecine comme de la gendarmerie…. Et si dans une société qui vieillit on pensait aussi à la solitude du fameux patient, à son incapacité à faire face aux figures imposées par le protocole ? Peut-être qu’alors on chercherait à faciliter la vie du citoyen, donnerait du sens au beau mot de proximité et, qui sait, convaincrait-on de jeunes médecins, épris d’humanisme de s’installer à la campagne avec l’aide des collectivités et, pourquoi pas, celui de l’Etat. Il est juste encore temps pour faire mentir le père Ubu.

Joël Aubert

Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A lire ! Éditos précédents