icone plume

L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
10/03/2013

Le mécontentement social grandit face au pouvoir

La crise sociale est là et bien là et le fossé se creuse entre la gauche et une partie de ceux qui l’ont portée au pouvoir. Un décalage considérable qu’accentue, non seulement l’impossibilité dans laquelle elle se trouve de tenir ses promesses mais, pire encore, la façon dont elle les dément par des effets d’annonce incohérents. L’exemple de l’âge de la retraite en est comme la caricature : certes la gauche n’a jamais promis qu’elle ramènerait celle-ci uniformément à 60 ans –elle l’a fait pour ceux que l’allongement récent pénalisait le plus- mais, aujourd’hui, elle relance le débat sur la durée des cotisations au moment où le chômage galope et le régime actuel des retraites complémentaires appelle un effort demandé aux bénéficiaires. On pourrait, ici, faire la liste des engagements intenables qui ont été pris, et des ballons d’essai intempestifs, y compris au sommet de l’exécutif...

La France est atteinte, à son tour, par la vague déferlante de la crise économique qui s'insinue de quartiers en villages; elle aurait besoin d’être entretenue, certes dans la réalité de la situation actuelle mais, en même temps, avoir confiance dans la capacité de l’équipe qui la gouverne à donner un cap et à le tenir. Le seul cap de l’austérité ne saurait tenir lieu de politique. Et la mise en place des emplois d’avenir, ici et là, ne pourra à elle seule permettre l’inversion de la courbe du chômage.

Au lieu de rouvrir avec détermination le chantier de la production, et pas seulement industrielle, on tente de sauver ce que l’on peut. La droite dira-t-on ne faisait guère autrement et pas toujours avec bonheur. Et alors ? N’y a t-il pas place par exemple pour un discours cohérent, argumenté et soutenu financièrement, sur le potentiel de recherche et d’innovation de ce pays? On le devine mais le rencontre surtout dans nos régions où les élus sont au contact des entreprises et apportent des soutiens souvent décisifs. L’acte 3 de la décentralisation que l’on annonçait comme l’une des grandes réformes accouche dans la douleur, victime comme ce fut toujours le cas de la citadelle qui gouverne sous toutes les républiques : les Finances. Faut-il s’appesantir sur toutes les fausses bonnes raisons, à commencer par le risque pour la gauche, de trop nombreuses élections partielles, sur le report attendu pour 2017 de la loi sur le non cumul des mandats ?

En réalité, au moment où le pays bascule dans la récession et où la crise sociale atteint une ampleur inconnue depuis les années de l’immédiat après guerre, avec son lot quotidien de drames invisibles, le pouvoir agit par à coups dans une gestion désordonnée de son agenda. Et il donne à penser, à commencer par celui du président, qu’il a le temps pour lui, que la France contrainte par l’Europe doit en passer par une cure de désintoxication des déficits, que par parenthèse il ne s’applique pas à lui-même mais qu’il annonce comme possible…

Il est temps, plus que temps, que le président s’extraie de cette sorte de félicité qui semble s’attacher à ses faits et gestes. La V° République ne donne pas seulement à ceux qui la conquièrent, de l'Elysée au Parlement, la faculté de gouverner : elle les expose au retour du balancier et pas toujours forcément par le biais des urnes. Le danger d'une crise par addition des mécontentements ne doit surtout pas être sous-estimé.

Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A lire ! Éditos précédents