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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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06/12/2009

Le Grand Paris et le désert français

Un sujet qui agite beaucoup moins les élites, y compris journalistiques, que ce fameux débat sur l’identité nationale… Et, pourtant, comment ne pas pointer la folie conceptuelle et financière de ce « Grand Paris » voulu par l’Elysée et porté sur les fonts baptismaux par Christian Blanc qui a fait voter son projet de loi il y a quelques jours, au moment même où les préfets lançaient les « Assises des Territoires Ruraux »…Une concordance de temps qui n’abusera guère les élus locaux de l’Aveyron, de la Dordogne ou de la Creuse.

Certes, on peut toujours pendre le temps de discuter, de réfléchir à la façon de survivre ou de mourir debout. Tous ceux qui, comme l’association « Mon Village demain », lancent des cris d’alarmes depuis trois ans en constatant l’abandon du milieu rural y verront comme une lueur d’espoir. Le plus grand nombre, cependant, n’y trouveront comme le disait ces jours-ci un élu du midi que prétexte à ironie désolée : « ces assises, c’est faites remonter ce dont vous avez besoin : on vous expliquera comment vous en passez ! »

Car, au moment même où l’on semble se préoccuper quelque peu de la ruralité, des campagnes sans médecin, des bureaux de poste qui ferment, des services à la personne dont on se demande qui va contribuer à les financer quand les départements auront perdu une partie de leurs ressources, on lance, à l’horizon 2013 un projet pharaonique en Ile de France. Dans ce Grand Paris, déjà extraordinairement tentaculaire à l’échelle de l’Europe et dévoreur de finances publiques au niveau hexagonal. Un grand métro de 130 kilomètres et 21 milliards d’euros, la densification supplémentaire d’un espace où l’on veut créer un million d’emplois…

Oublié le temps intelligent où la France inventa l’aménagement du territoire, où l’on imagina les métropoles d’équilibre, encouragea les villes moyennes, où Rodez était ville pilote, où la création d’activités en Ile de France était soumise à agrément préalable. Oublié le temps où, il y a quinze ans encore, on eût l’idée, alors partagée par la droite et la gauche, de susciter l’avènement de « pays » capables de concevoir un cadre de vie et la recherche d’activités susceptibles de fixer les populations rurales.

Ce retour massif de la « centralisation capitale » est, non seulement une erreur dans un pays comme le nôtre qui avait appris à respecter sa diversité et en avait fait une richesse; elle est une faute contre l’esprit et la véritable identité d’une France qui n'est pas réductible à ses grandes agglomérations, une France qui souffre, dans ses profondeurs, de l’absence d’une vraie considération.

Joël Aubert

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