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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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22/12/2013

Le gaspillage des terres agricoles, un grand enjeu de société

Année après année, le phénomène prend de l'ampleur, à la fois sous l'effet d'une urbanisation mal maîtrisée, des besoins de liquidités de nombre d'exploitants agricoles, de la difficulté qu'ils rencontrent pour transmettre leurs biens. Certes, des structures, des outils, existent qui jouent un rôle majeur pour protéger les terres agricoles. Ainsi les Safer, Sociétés d'Aménagement Foncier et d'Etablissement Rural, ont compétence pour s'interposer par le biais du droit de préemption qui leur est reconnu. Mais celui-ci n'est pas sans limite, d'abord parce qu'on est en économie libérale et que le marché foncier et la spéculation qui l'accompagne vont bon train, ensuite parce que, jusqu'ici, les pouvoirs publics se sont trop peu préoccupés de concevoir une politique d'ensemble. Une politique qui permette, à la fois, d'apporter des réponses adaptées aux besoins de construire de nouveaux logements, de permettre l'équipement des collectivités, de façon à leur autoriser un développement harmonieux et de protéger des espaces et des terres arables, notamment dans le périmètre des grandes villes, terres dont la valeur agronomique est importante.

Le chantier est d'autant plus nécéssaire et urgent que les Schémas de Cohérence Territoriale, les SCOT, n'ont pas de valeur véritablement opposable jusqu'à maintenant aux communes qui ne se font pas faute, souvent, de les contourner dans leur propre Plan d'Urbanisme. Les choses doivent commencer à changer avec le projet de loi ALUR de Cécile Duflot mais il y faudra encore du temps. Quant au projet de loi d'avenir agricole, le ministre Stéphane Le Foll souligne que dans le cadre de la nouvelle Politique Agricole Commune, PAC, il va privilégier par le biais des aides les exploitations à hauteur des 52 premiers hectares, ce qui correspond plutôt au souhait d'un modèle encore familial. Il reste que le renforcement du rôle des Safer qui ne peuvent intervenir pour exercer leur droit de préemption que sur des biens en pleine propriété est nécessaire pour contourner des démembrements. La nouvelle loi sera-t-elle suffisante? On en doute.

Le colloque, voulu par Brigitte Allain, a mis l'accent sur la défense d'une agriculture paysanne dont elle s'est faite, de longue date, le témoin ardent. Il entendait soulever, une nouvelle fois, la question du modèle agricole. L'important serait que la profession agricole dans son ensemble s'entende à ce sujet. A l'heure où il n'est plus tabou dans des réunions de développement de débattre entre agriculteurs de ce que l'on appelle une "agriculture écologiquement intensive", il doit être possible de remettre en avant l'impératif alimentaire -une agriculture nourricière- et l'impératif économique, celui de la valeur ajoutée des productions et de la création d'emplois. On le sait pertinemment, ici, en Aquitaine où malgré des aléas aussi graves que ceux rencontrés cette année on maintient le cap. Une région où il y a beaucoup à faire pour redonner ses couleurs à une agriculture de proximité, également constitutive de ces ceintures vertes dont les villes, même moyennes, et bien sûr les métropoles aujourd'hui si courtisées, auront de plus en plus besoin, face au réchauffement climatique.

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