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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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09/11/2022

Le député RN du Médoc qui baîllonne ses électeurs

Grégoire de Fournas, député Rassemblement national du Médoc, ne s’est pas pris les pieds dans le tapis, jeudi dernier à l’Assemblée nationale. Ses mots n’ont pas dépassé sa pensée lorsqu’il a aboyé à l’un de ses collègues, député LFI, qu’il pouvait repartir en Afrique. Et quand bien même il voulait dire que ce sont les migrants globalement ou le bateau qui les sauve qui peuvent repartir d’où ils viennent, c’est du même niveau. Il a spontanément laisser voir sa vraie nature.

Les deux députés RN Gironde, Grégoire de Fournas et Edwige Diaz, ne sortent pas de nulle part. Ils siègent ou ont siégé au Conseil départemental de la Gironde ou au Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine. Par le passé, les témoins des débats au sein de ces assemblées ont déjà été choqués par la capacité de ces élus à réagir de façon épidermique à toute délibération faisant état de l’accueil de réfugiés ou de l’accompagnement des migrants. Ils ont déjà tenu devant ces assemblées des propos qui excluent des citoyens du monde du droit à la main tendue du seul fait de leur couleur de peau ou de leur pays d’origine ou de leur croyance religieuse. Ils agitent dès qu’ils le peuvent, cette préférence nationale, principe inventé par eux et contraire aux droits de l’homme et donc à notre Constitution.

Le Rassemblement national a réussi à installer 89 députés avec un costume de pseudo-respectabilité. Voilà que les masquent tombent et que la dédiabolisation se craquelle vite dès qu’il s’agit de haïr l’étranger ou la différence, de conspuer la solidarité ou la fraternité. Le Front national a changé de nom, Marine Le Pen tente de désinfecter et ripoliner la maison après le passage de son père, mais les valeurs restent les mêmes. Le racisme et le rejet de la différence, l’entre-soi et le protectionnisme social et sociétal.

Ces sinistres personnages ont-ils déjà parlé avec des migrants? Ont-ils croisé le regard des clandestins qui vivent comme des bêtes traquées, eux qui attendent un titre de séjour comme un fol espoir, eux qui ont laissé au pays des parents en larmes, un enfant qui ne les reconnaitra plus ? Ne savent-ils pas lire dans les yeux embués, sur les lèvres tremblantes, ces signes du désespoir qui ont conduit ces femmes et ces hommes à tout laisser derrière eux, à se fier à des passeurs avides d’argent et à s’épuiser dans des voyages de tous les dangers? Comment croire que l’on se lance dans un tel périple pour une chasse aux allocs caricaturée à dessein ?

Par son intervention en dehors des clous de la stratégie de communication du RN, Grégoire de Fournas a donné à lire sa véritable pensée. Celle qu’il s’est efforcé de dissimuler en allant convaincre ses électeurs sur les marchés au printemps dernier.

Avec la sanction dont il écope, l'élu prive au passage 55 communes et 158 000 habitants de la cinquième circonscription de la Gironde de toute représentation nationale pendant quinze jours. En prétendant les représenter, il les bâillonne.

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