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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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13/06/2010

Le de Gaulle du 18 juin: un message comme un vaccin

Pourquoi ce soixante dixième anniversaire de l'appel de Londres lancé depuis la BBC, grâce à la bienveillance de Churchill, suscite-t-il autant de publications, de ferveur, et pas seulement parmi le dernier carré de ceux qui l'ont rejoint et se sont battus au nom d'une certaine idée de la France ?
Parce que De Gaulle incarne, justement, dans notre France de 2010 en proie au doute, ce qu'il ya de meilleur dans un acte de résistance. Une pensée et une geste qui n'ont que faire de la médiocrité et du renoncement, qui ne craignent pas de rompre avec l'établissement, une parole qui s'avance et défend ce qui semble à priori impossible, inatteignable. Un choix où, comme De Gaulle lui-même le remarquait :« J'entrais dans l'aventure,à quarante neuf ans, comme un homme que le destin jetait en dehors de toutes les séries. »
Songeons à ces quelques jours qui ont précédé l'appel du 18 juin, à Paris envahi, à cette France écrasée, humiliée, jetée sur les routes, cette France qui s'entasse à Bordeaux où le gouvernement s'est replié, une fois encore, aux heures les plus sombres de notre histoire. De Gaulle, sous-secrétaire d'Etat à la Guerre et à la Défense nationale dans le gouvernement Paul Reynaud, y revient le 16 juin dans un avion de la Royal Air Force. Churchill, l'allié britannique qui craint de devoir résister seul à Hitler, lui a demandé de tenter de convaincre le président du conseil de continuer le combat. Peine perdue. De Gaulle apprend, à Bordeaux, la démission de Reynaud et la nomination de Pétain. Il repartira pour Londres aux premières heures du 17 juin et son appel du 18 juin s'inscrira en rupture totale avec l'abandon du maréchal. C'est pourtant lui qu'on accusera de trahison et de lâcheté dans cette France à genoux. Cette France de Vichy qui plongera le pays pendant quatre ans dans les ténèbres de l'occupation.
Le plus extraordinaire dans ce premier appel que bien peu entendirent, c'est qu'il suscitera dans les jours et les mois qui le suivront, l'élan de milliers de jeunes qui rejoindront le général pour poursuivre le combat dans les rangs de la France Libre. Ils quittèrent tout pour relever le défi, à priori impossible, d'une guerre qui allait les conduire sur les champs de bataille les plus éloignés, tandis que leurs frères ou leurs sœurs résistaient à l'occupant sur le sol national.
Il y a donc bien une manière d'éternité dans le message de Gaulle. Celui du 18 juin. Certes, chacun peut le lire à l'aune de ses convictions et se demandait si, dans cette France définitivement en paix avec L'Allemagne, dans une Europe avant tout marchande, il peut nous inspirer autrement que le temps de cérémonies et de récupérations politiciennes. L'important, c'est qu'il continueà nous convaincre de lutter contre le conformisme, à conserver nos distances plutôt qu'à nous aligner sur l'Amérique, à nous vacciner contre l'impérialisme de l'argent et ses sous-produits culturels. Qu'il nous aide à penser par nous-mêmes plutôt que par procuration.

Joël Aubert

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